Réalité: Le refus des 50 pays membres de l’ONU de signer la résolution russe contre la glorification du nazisme n’indique nullement un soutien de l’idéologie nazie. Les représentants des pays qui ont voté contre ont déclaré que la Russie utilisait la résolution à des « fins politiquement motivées » pour justifier son invasion militaire de l’Ukraine.
La Fédération de Russie a soumis son projet de résolution devant l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), dont l’objet était la « lutte contre la glorification du nazisme, du néo-nazisme et d’autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée ». À la suite des résultats du vote à l’ONU, certains médias russes ont annoncé que « 50 pays du monde [n’étaient] pas contre la glorification du nazisme». D’autres médias et certains internautes ont même déclaré que les pays qui ont voté contre la résolution russe soutenaient le nazisme, et que certains d’entre eux possédaient également un passé nazi.
« En particulier, l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie et le Japon ont voté contre la résolution condamnant le nazisme. Ce sont ces pays qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, ont été nazis et ont laissé une trace sanglante dans l’histoire», écrit l’édition russe REN TV.
Cependant, des déclarations pareilles sont diffusées sans contexte approprié et déforment la réalité. Le fait que 50 pays membres de l’ONU aient voté contre la résolution russe contre la glorification du nazisme n’indique nullement que ces pays soutiennent l’idéologie nazie.
Le 15 décembre 2022, lors de la 54e réunion de la 77e session de l’ONU, un vote a eu lieu sur le projet intitulé « lutte contre la glorification du nazisme, du néo-nazisme et d’autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée», présenté par la Russie. 50 pays ont voté contre, 120 pays ont voté pour et 10 se sont abstenus.
Il convient de noter que la Russie soumet chaque année une telle résolution au vote depuis 2012 et chaque année cette résolution est entérinée à une large majorité. Par exemple, en 2021, seulement deux pays ont voté contre la résolution russe. Cependant, en 2022, ils sont déjà 50. À cet égard, le représentant permanent adjoint de la Fédération de Russie auprès de l’ONU, Gennady Kuzmin, s’est dit choqué par les résultats actuels. Il a déclaré que l’Allemagne, l’Italie et le Japon (« les pays de l’Axe »), votant contre, « ont fait preuve de blasphème contre la mémoire des victimes du nazisme allemand, du fascisme italien et du militarisme japonais ». Ainsi, le représentant russe manipule délibérément les faits tout en cachant les véritables intentions de la résolution russe.
Serhiy Kislitsa, le représentant de l’Ukraine à l’ONU, a déclaré que la résolution russe était une autre tentative de Moscou afin de justifier son invasion militaire et son agression territoriale contre l’Ukraine, qu’ils ont entreprises sous le prétexte d’éradiquer le néonazisme dans le pays. Serhiy Kislitsa a souligné que les crimes de guerre de l’armée russe sous la forme d’assassinats délibérés de civils en Ukraine étaient « le fascisme d’aujourd’hui ». «C’est pourquoi nous ne laissons pas les violeurs nous faire la leçon sur la manière de lutter contre le viol», a-t-il ajouté. Le représentant de l’Ukraine a également rappelé la contribution de l’Ukraine à la lutte contre le fascisme et le nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque des millions d’Ukrainiens ont donné leur vie.
Le représentant des États-Unis a catégoriquement condamné la glorification du nazisme. De plus, il a été souligné que la résolution de la Russie n’était pas une tentative sérieuse de combattre le nazisme et l’antisémitisme. Au contraire, « c’est un stratagème honteux (de la Russie – N.D. É.) pour justifier sa guerre agressive en Ukraine ».
Le représentant de la République Tchèque, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a déclaré voter contre la résolution russe. En même temps, il a réaffirmé son engagement dans la lutte mondiale contre le racisme, la xénophobie et les formes contemporaines de toutes les idéologies extrémistes, y compris le néonazisme. Le représentant a rappelé que pour de nombreux pays européens, la fin de la Seconde Guerre mondiale n’a pas apporté la liberté, mais davantage d’occupation et de crimes contre l’humanité par d’autres régimes totalitaires. Dans son rapport, le représentant de la République Tchèque a rejeté le terme de dénazification utilisé par la Russie pour justifier son invasion illégale de l’Ukraine.
Déjà en novembre, à la veille du vote, le représentant de l’Union européenne a déclaré qu’il ne voterait pas cette résolution. « Pendant de nombreuses années, nous avons plaidé pour que la lutte contre l’extrémisme et la condamnation de l’idéologie dégoûtante du nazisme ne soient pas utilisées à mauvais escient et à des fins politiquement motivées visant à justifier de nouvelles violences et violations des droits de l’homme », indique le communiqué.
Plus tôt, StopFake a réfuté la désinformation du Kremlin selon laquelle l’ONU aurait « prouvé sa partialité » dans l’enquête sur les crimes russes en Ukraine.