Réalisateur et producteur hollywoodien, Oliver Stone est un des plus fervents admirateurs des régimes dictatoriaux, et un ami de Vladimir Poutine. Récemment il a tourné un nouveau documentaire, nommé «Revealing Ukraine». Le réalisateur de ce documentaire est Ihor Lopatenok, connu pour d’autres œuvres comme «Ukraine on fire» («L’Ukraine en feu», une ribambelle de clichés de la propagande russe). Les personnages principaux de ce film sont un politicien pro-russe, Viktor Medvedchuk, et le président russe Vladimir Poutine. Ces politiciens exposent leurs versions de «ce qui s’est réellement passé» en Ukraine, cette «histoire jamais dévoilée». StopFake.org en a examiné les principaux narratifs de propagande et les fakes répétés dans ce film, utilisés dans leur guerre de l’information contre Kiev.
A propos de la «propagande anti-russe»
Une partie du documentaire est consacrée à l’Euromaidan. Il y a une répétition notable de vieux narratifs à propos d’un «coup d’État». De plus, ils affirment que lors du Maidan, il y avait une diffusion active de propagande anti-russe. Par exemple, le documentaire conteste que sur le Maidan se trouvaient des forces spéciales russes.
«Depuis décembre 2013, la propagande anti-russe est devenue acharnée. Durant les jours de confrontation, les fake news se répandaient constamment au Maidan. » A titre d’exemple, Stone cite une affirmation sur les forces spéciales russes qui se trouvaient à Kiev et se préparaient à recourir à la force à l’égard des manifestants (à partir de 33:10).
En fait, de la propagande était diffusée, mais c’était de la propagande produite par des médias russes au sujet de manifestants du Maidan. En plus, il y avait sur les réseaux sociaux des opérations de désinformation pour discréditer le Maidan.
La présence des forces spéciales russes au Maidan a été confirmé par Valentin Nalivaychenko, l’ex-chef du SBU (Service de Sécurité de l’Ukraine) lors d’un interrogatoire pour haute trahison contre l’ex-président ukrainien Yanoukovich devant le tribunal d’Obolon à Kiev, le 7 février.
«Il y avait régulièrement, à partir de février, presque chaque nuit, des spetsnaz (des forces spéciales), armées et bien équipés, aux barrages des «Berkut», les forces spéciales ukrainiennes. De plus, je confirme que parmi eux, il y avait des représentants des spetsnaz de la Fédération de Russie. Il se sont rencontrés prés du Palais d’Octobre. Ils ont cachés leurs chevrons russes à l’aide de vêtements ukrainiens, distribués sur l’ordre de votre client, le chef des services de l’intérieur à cette époque», a dit M. Nalivaychenko.
A propos de l’incident dans le détroit de Kertch
Le documentaire répète le narratif que l’attaque russes de navires ukrainiens dans le détroit de Kertch était une provocation, organisée par l’ancien président de l’Ukraine, Petro Porochenko.
«L’ancien président, M.Porochenko, a organisé cette provocation pour influencer la campagne électorale. Il savait qu’il n’y aurait pas de soutien de ses électeurs dans l’est, et dans le sud du pays. Il a utilisé cette provocation pour aggraver la situation, et pour proclamer l’état d’urgence. J’ai des raisons de penser qu’il voulait décréter la loi martiale dans tout le pays, et reporter les élections dans ce contexte», – dit le président russe Vladimir Poutine (à partir de 38:27).
StopFake.org a déjà réfuté ce fake. Le Tribunal international a rejeté la version russe sur les motifs de la capture des marins et du navire. La Russie insistait sur le fait qu’il s’agissait d’une provocation de la part de l’Ukraine. La conclusion du Tribunal international est différente : l’Ukraine agissait selon toutes les normes internationales et selon les règles de transports maritimes.
A propos de l’économie de l’Ukraine
Le documentaire parle aussi de l’économie et de pertes de l’Ukraine après qu’elle ait coupé les ponts avec la Russie et les autres pays post-soviétiques. Mais le sujet de l’annexion de la Crimée par la Russie, ainsi que le financement des séparatistes dans le Donbass, n’est pas évoqué, alors que ce sont précisément ces événements qui ont affecté l’économie de pays.
Stopfake.org réfute régulièrement ces narrations de la propagande russe. Plus de détails ici.
Viktor Medvedchuk a aussi mentionné le charbon américain, que l’Ukraine aurait acheté (à partir de 44:45). Des fakes à propos de charbon américain, ainsi que sur le prix du gaz acheté en Europe ont déjà été démentis par StopFake.
A propos des élections aux États-Unis et l’Ukraine
Une bonne partie du documentaire est consacrée à l’explication de «l’interférence de l’Ukraine», et non pas de la Russie dans l’élection présidentielle américaine. Ce segment est présenté par un Américain, Lee Stranahan, qui travaille notamment pour Sputnik. Il mentionne l’ex-député ukrainien, Sergey Leschenko, directeur du Bureau national de lutte contre la corruption d’Ukraine, Artem Sytnik et Paul Manafort, speen doctor américain, engagé par l‘ex-Président ukrainien Yanoukovitch. Cette intervention est orienté en faveur de la version des événements qui déresponsabilise la Russie et compromet l’Ukraine, sans apporter de preuves convaincantes.