« Trois policiers tabassés à Bobigny ». L’information est frappante, et la photo marquante. Publiée lundi 13 février au lendemain de manifestations sous haute tension à Bobigny suite à l’affaire Théo et relayée par une page Facebook pro-Vladimir Poutine, la publication crée la confusion entre les faits récents, une information ancienne, et une photo prise au Maroc. Explications.
Depuis le 13 février, un article intitulé « Bobigny : trois policiers battus » avec une photo d’un homme en sang circule. Le post a notamment acquis une très forte popularité grâce à une page Facebook « Vladimir Poutine – Fan Club » où il a été partagé plus de 8 000 fois.
Elément important : la publication est faite au lendemain d’altercations à Bobigny entre forces de l’ordre et manifestants demandant justice pour Théo, jeune homme de 22 ans gravement blessé le 9 février lors de son interpellation par une équipe de police à Aulnay-sous-Bois.
Pourquoi cette information n’a rien à voir avec les récentes émeutes
Le blog à l’origine de l’article publie tout en bas un lien vers la source de son article. Il s’agit en fait d’un copier-coller d’un article du Parisien datant du … 7 janvier 2017. Ce jour-là, trois policiers avaient bien été blessés à Bobigny lors d’un contrôle dans une cage d’escalier selon le journal francilien.
Même procédé sur la page » Vladimir Poutine – Fan Club » : seulement le début de l’article, sans aucune précision de date ou de contexte. D’ailleurs, de nombreux internautes ont posté des messages indignés, et la publication a reçu un peu plus de 500 commentaires.
La publication ne serait rien sans une bonne photo marquante : ici, un policier ensanglanté à terre. Sauf que la photo n’a pas été prise en France, mais au Maroc, le 9 juillet 2015. Ce jour-là, un policier marocain, Rachid Chakhtouna, avait été écrasé par un véhicule à Tanger, et était mort peu après de ses blessures. On retrouve cette photo dans cet article du Tangiers Times en arabe.
Le blog « Echelle de Jacob » pourrait plaider la bonne foi, car il a effectivement indiqué sous l’image « photo illustrative « . Sauf que cette mention n’apparait pas dans les posts Facebook relayé par les internautes, laissant là aussi planer le doute sur l’association entre le texte et la photo.
Cette publication est un modèle du genre: une photo choc, une information ancienne et une confusion avec des événements réels. Pourtant, la publication a généré plus de 80 000 interactions (partages, commentaires, likes). Certains l’ont relayée dans un but volontaire de désinformation, d’autres par simple indignation, sans avoir vérifié les faits.
De simples réflexes suffisent pourtant à ne pas se laisser berner, comme par exemple vérifier la date de publication de l’article originel ou la provenance de la photo. N’hésitez pas à consulter notre guide de vérification des images.
Source: Les Observateurs