La chaîne russe RT a publié un texte de propagande sur l’humeur du peuple ukrainien. Cette fois, la publication a décrit des «états de panique» à Odessa, citant des «résidents locaux» dont RT n’a pas révélé l’identité. L’article affirme que les habitants d’Odessa vivraient dans la «peur du Front national ukrainien» depuis le début de l’invasion russe à grande échelle et que des « arrestations et détentions massives » ont lieu dans la ville. Le texte mentionne également toute la gamme des clichés de la propagande du Kremlin sur la terreur imaginaire qui serait exercée par les autorités ukrainiennes dans les villes russophones.
Le rapport commence par dire que, prétendument après la nomination de Maksym Marchenko à la tête de l’administration militaire régionale d’Odessa (le 3 mars 2022 il a remplacé Sergei Grinevetsky sur ce poste), les arrestations et détentions massives ont commencé à Odessa « et les gens ont peur de quitter leur maison ». Cette information est encore une fois fausse – de tels cas ne sont confirmés ni par la population ni par les médias locaux. Odessa est une ville où les médias sont nombreux – il y a environ 10 chaînes de télévision et 30 médias en ligne, qui appartiennent à différentes structures commerciales et organisations publiques. Par conséquent, les cas d’arrestations massives, s’ils ont eu lieu, auraient été rendus publics immédiatement. De plus, l’influence de Maksim Marchenko sur les « arrestations et perquisitions massives » est tout simplement impossible, car il ne dispose pas de tels pouvoirs. Les organismes chargés de faire respecter la loi, tels que la police nationale, la garde nationale et les bataillons de défense territoriale, sont subordonnés au ministère ukrainien de l’Intérieur, et non à l’administration militaire régionale d’Odessa. Il existe également une autorité locale dans la ville, représentée par les conseillers municipaux d’Odessa et le maire d’Odessa, Gennadiy Trukhanov, qui était auparavant un député du « Parti des Régions » de l’ancien président déchu Ianoukovitch.
Sur la photo: Maksym Marchenko, Serhiy Grynevetsky, Gennady Trukhanov
Les tentatives des propagandistes de salir la figure de Maksim Marchenko sont compréhensibles – sa biographie comprend le commandement du 24e bataillon d’assaut «Aidar», que les médias russes accusent sans cesse de nazisme et de massacre de la population russophone d’Ukraine.
Au cours du mois qui s’est écoulé depuis le début de la guerre à grande échelle, les forces de défense territoriales d’Odessa ont effectué les arrestations de pillards.
La plus médiatisée d’entre elles est l’arrestation de Yuriy Tkachev (le rédacteur en chef du portail pro-russe Timer) qui a eu lieu le 19 mars. Cet événement était rapporté par lui-même sur son canal Telegram. Le 15 mars, le président ukrainien a signé la loi sur le collaborationnisme, qui interdit, entre autres, de nier publiquement l’agression de l’armée russe. Le rédacteur en chef du site Timer a été accusé de haute trahison: propagande en faveur de l’occupant russe, collecte d’informations sur les déplacements de l’armée ukrainienne et, selon le Service de Sécurité d’Ukraine, coordination d’activités de sabotage. L’édition Timer, basée à Odessa, a été placée à plusieurs reprises sur des listes d’exclusion en raison de la diffusion de propagande russe, de violations des normes journalistiques et de la publication d’informations non fiables. De tels cas étaient définis par les propagandistes russes dans leur article comme «fascisme et lutte contre la dissidence».
Les «résidents de la ville», selon le rapport de RT, se plaignent également du fait que «les combattants des bataillons nationaux installent des points de tir dans les écoles et les hôpitaux et minent les infrastructures». À cet égard, il a fait référence à un faux document bien connu, apparu récemment dans tous les médias russes, signé prétendument par le chef de l’administration militaire d’Odessa, Maxim Marchenko, sur l’organisation de positions antichars et de tir, ainsi que de barrières de sapeurs dans un certain nombre d’écoles et d’hôpitaux de la ville. Le « document » nommait 12 institutions médicales et éducatives (maternités, écoles et hôpitaux) situées dans toute la ville. En particulier, l’une des clauses de « l’ordre » inclurait l’interdiction pour les civils de quitter la ville par les couloirs humanitaires. StopFake a déjà réfuté cette désinformation. L’administration militaire d’Odessa a également nié l’authenticité de ce document.
Les monuments barricadées avec des sacs et des hérissons à Odessa sont des installations d’importance stratégique. Les habitants d’Odessa ne vont pas rendre leur ville à l’ennemi sans se battre. «S’il y a une offensive, il y aura aussi une défense. Il est pour le moins étrange de lire dans les médias russes des déclarations selon lesquelles l’AFU et les forces de défense territoriales ne devraient pas utiliser les installations publiques à leurs propres fins. Après tout, ce n’est pas nous qui attaquons! Nous nous défendrons donc où et comme nous le voulons! Nous n’avons pas besoin d’être libérés de qui que ce soit», ont déclaré les habitants d’Odessa contactés par StopFake.
Un autre fake que diffuse RT parle des « mines des plages d’Odessa ». Les propragandistes raccontent qu’elles ont « dérivé dans la mer lors d’une tempête, et maintenant elles constituent une menace pour des navires ». RT invente ses propres fake news au nom d’un «résident local» selon lequel des mines provenant des plages d’Odessa auraient pénétré dans les eaux de la mer Noire. Mais selon Andrey Klimenko, rédacteur en chef du portail BlackSeaNews et cofondateur de l’Institut d’études stratégiques de la mer Noire, la Russie a elle-même miné les routes recommandées du Bosphore à Odessa. Ensuite elle a signalé qu’il s’agissait de mines ukrainiennes. Le document, qui a ainsi été rendu public par la partie russe, précise leur nombre exact, que seule la personne responsable de leur placement peut connaître. Les habitants d’Odessa ont déjà été mis au courant des informations véridiques à ce sujet.
RT a également rapporté que les habitants d’Odessa se seraient plaints du bruit quotidien de la sirène dans la ville. « Beaucoupd’entre eux soulignent qu’il n’y a aucune raison pour qu’elle se déclenche, mais qu’elle est utilisée pour monter la tention et alarmer la population», indique l’article de RT. En fait, ce n’est pas la sirène qui alarme la population d’Odessa, mais les bombardements réguliers des forces armées russes, qui, depuis le début de la guerre totale, ont déjà ouvert le feu à plusieurs reprises sur Odessa et la région, causant des victimes humaines. Le matin du 24 février, par exemple, 22 personnes sont mortes dans la région d’Odessa, dans la ville de Podilsk, après un bombardement. Le 1er mars, les bombardements des forces armées russes dans la région d’Odessa ont endommagé neuf maisons et tué une personne. Le 4 mars, un missile aérien russe s’est écrasé près de l’aérodrome de Shkolniki. Le 16 mars, la Russie a bombardé quatre agglomérations dans la région d’Odessa. L’artillerie navale russe a tiré dans la direction d’Odessa dans la matinée du 21 mars. Dumanskaya a posté une vidéo du bombardement de la côte d’Odessa depuis la mer. Tout ceci est régulièrement rapporté par le porte-parole de l’administration militaire d’Odessa, Serhiy Bratchuk. Le nombre de roquettes tirées sur la ville depuis le début de la guerre ne peut être compté – des rapports similaires sont publiés chaque jour. Par conséquent, les sirènes de la ville retentiront régulièrement jusqu’à ce que les militaires russes quittent le territoire de l’Ukraine et que la Russie cesse la guerre.
Selon un reportage de RT, les habitants sont également mécontents de devoir payer les services publics en temps de guerre. Mais le gouvernement ukrainien n’a pas promis d’annuler ou de rembourser les factures de services publics. Pendant la loi martiale certaines concessions sont faites – désormais, il n’y a pas de pénalités pour les retards de paiement des services publics ni de coupure des services publics en cas de non-paiement. Malgré le blocus militaire russe des voies maritimes, les rayons des supermarchés d’Odessa sont en bon état, selon les témoignages des habitants de la ville, même si la sélection s’est légèrement éclaircie. Il y a des ruptures d’approvisionnement, mais elles ne menacent pas la vitalité de la ville, et tous les produits vitaux sont encore en place. Les gens vont au travail, les transports publics fonctionnent sous la loi martiale, à l’exception du couvre-feu, qui est imposé dans la ville de 20 heures à 6 heures du matin.
Le rapport de RT mentionne également le ressentiment massif présumé des «résidents d’Odessa» parce que les autorités locales tentent d’induire «la panique et la haine envers les Russes ». Les propagandistes ne veulent pas prendre en considération que toutes les difficultés que la ville traverse actuellement sont dues à une guerre totale déclenchée par la Russie. Selon RT, la haine des habitants d’Odessa devrait être dirigés uniquement envers les défenseurs de leur ville natale, et pas vers les envahisseurs.