Bien que les forces d’occupation russes aient réussi à rétablir la ligne électrique entre la région de Kherson et la Crimée occupée, la péninsule n’est toujours pas alimentée en électricité par la centrale nucléaire de Zaporijjia. Energoatom, la compagnie nationale de production d’énergie nucléaire d’Ukraine, assure que c’est actuellement techniquement impossible.

« La fin du blocus de la Crimée » : c’est avec cette une que les médias russes ont diffusé des informations selon lesquelles les autorités d’occupation russes dans la région de Kherson auraient réussi à restaurer les pylônes des lignes électriques à haute tension détruits en 2015 et qui reliaient les réseaux électriques des régions de Crimée, de Kherson et de Zaporijjia.

«La Crimée a surmonté les blocus de l’eau, de la nourriture et des transports mis en place par le régime de Kyiv, et maintenant le dernier blocus, celui de l’énergie. La Crimée reçoit de l’eau par le canal non bloqué de Crimée du Nord, les liaisons commerciales et de transport avec les régions de Kherson et de Zaporijjia ont été rétablies et le système énergétique restauré. Tout revient à la normale », a déclaré le «conseiller du chef de la Crimée», Oleg Kryuchkov.

Par ailleurs, les occupants russes ont déclaré que si l’Ukraine déconnectait les régions de Kherson et de Zaporijjia du système énergétique de l’Ukraine, ces régions pourraient recevoir de l’électricité depuis la Russie.

Capture d’écran – eadaily.com

Le président d’Energoatom, Petro Kotin, dans un commentaire sur Radio Liberty, a confirmé que les autorités d’occupation russes avaient bien réussi à rétablir les lignes électriques à haute fréquence dans la région de Kherson, qui avaient été détruites en novembre 2015 lors du blocus énergétique de la péninsule de Crimée dans le cadre de son occupation. Cependant, cela ne signifie pas du tout que l’électricité ukrainienne, y compris celle provenant de la centrale nucléaire de Zaporijjia temporairement occupée, a commencé à envoyer de l’électricité vers la Crimée annexée par la Russie.

Il attire l’attention sur le fait qu’il n’est techniquement pas possible pour le moment de transférer de l’électricité du continent ukrainien vers la péninsule de Crimée.

« La Crimée est connectée au système énergétique russe. Sa fréquence ne coïncide pas avec celle de l’Ukraine, donc la connexion automatique est impossible sans équipement supplémentaire. Rien de tout cela ne fonctionnera pour eux. En effet, ils reprennent les lignes là-bas, mais cela ne les amènera pas à pouvoir fournir notre électricité à la Crimée », a-t-il déclaré.

Le service de presse d’« Ukrenergo», l’opérateur ukrainien de l’énergie électrique, a également démenti les déclarations relatives au raccordement des régions du sud au système énergétique russe. « Pas un seul kWh d’électricité ukrainienne n’est transmis ou fourni à la Crimée temporairement occupée », indique le communiqué.

Ukrenergo explique que cela est techniquement impossible, puisque le système énergétique de l’Ukraine est intégré au système énergétique de l’Europe continentale ENTSO-E et n’a aucun lien avec le système énergétique de la Russie, de la Biélorussie ou de la Crimée temporairement occupée, qui dépend désormais du système énergétique de la Fédération de Russie.

Capture d’écran – facebook.com/npcukrenergo

Quant aux déclarations des occupants russes sur la possibilité de fournir de l’électricité depuis la Crimée occupée aux territoires nouvellement occupés du sud de l’Ukraine, la représentation du président de l’Ukraine en République autonome de Crimée considère un tel scénario comme peu probable.

Ce service attire l’attention sur le fait qu’en temps de paix, les territoires des régions de Donetsk et de Louhansk ne connaissaient pas de pénurie d’électricité. Leurs besoins étaient couverts par des centrales thermiques locales. Dans le même temps, le système énergétique de la péninsule de Crimée temporairement occupée n’a jamais été autosuffisant et a toujours eu besoin d’approvisionnement en électricité en provenance d’autres régions. La Crimée occupée consomme environ 1 300 mégawatts d’électricité en été et jusqu’à 1 500 mégawatts d’électricité en hiver. Ces besoins sont couverts par des centrales thermiques locales et via un pont énergétique depuis le territoire de la Russie d’une capacité autorisée de 810 mégawatts, depuis la centrale nucléaire de Rostov. Ainsi, le scénario le plus probable est celui où la restauration de la ligne électrique entre la région de Kherson et la Crimée occupée pourra être utilisée pour répondre aux besoins de la péninsule aux dépens de la centrale nucléaire occupée de Zaporijjia, et non l’inverse.

De plus, l’affirmation selon laquelle l’Ukraine pourrait déconnecter les régions de Kherson et de Zaporijjia de l’approvisionnement en électricité est totalement fausse  et relève d’une propagande selon laquelle l’Ukraine serait sur le point d’abandonner les territoires occupés par la Russie. StopFake réfute une telle désinformation dans des articles tels que: «Faux: l’Ukraine se prépare à «rendre» Zaporijjia à la Russie», «Manipulation: l’Ukraine a coupé l’approvisionnement en gaz des régions de Donetsk et de Lougansk», «Fake: Zelenskiy a l’intention de légaliser la « récupération de l’Ukraine par les Polonais »», «Faux: L’Ukraine va cesser les versements d’aides sociales dans la région de Kherson».