La réalité: Les sanctions et les «problèmes techniques» de la turbine Siemens ne sont pas un obstacle au fonctionnement normal du gazoduc Nord Stream 1. Une réduction significative des approvisionnements en gaz russe vers l’Europe, et en particulier vers l’Allemagne, s’est produite pour des raisons politiques, et non en raison du non-retour de la turbine après réparation, comme le prétend la partie russe. La Fédération de Russie continue d’utiliser ses ressources énergétiques comme instrument  de chantage envers les pays de l’UE pour leur soutien à l’Ukraine.

Sur les réseaux sociaux et sur les sites russes (1, 2, 3), des informations largement diffusées prétendent que  Gazprom ne pourrait pas garantir le pompage du gaz (en particulier vers l’Allemagne) en raison des sanctions, et que ce sont les sanctions qui empêchent la résolution de la situation avec les turbines Siemens. Ainsi, la Fédération de Russie se décharge entièrement de toute responsabilité quant à la réduction de l’approvisionnement en gaz de l’Europe, blâmant la «politique hostile de l’Occident» et le «manque d’entretien» du gazoduc.

«Gazprom fournit autant que nécessaire et autant que possible. Nous savons qu’aujourd’hui les possibilités techniques de pompage se sont réduites. Pourquoi ? Parce que le processus de maintenance des différentes unités est extrêmement difficile en raison des restrictions et des sanctions imposées par l’Europe», a déclaré le porte-parole de V. Poutine, Dmitri Peskov.

Capture d’écran – ria.ru

En fait, les sanctions de l’UE ne sont pas la raison de la réduction des approvisionnements en gaz, car elles n’impliquent actuellement pas d’embargo sur le gaz et n’empêchent pas le retour des turbines Siemens en Russie. Une réduction significative des livraisons de gaz russe à l’Allemagne s’est produite pour des raisons politiques, et non en raison de l’échec de la réparation de la turbine du gazoduc Nord Stream, comme le prétend la partie russe. C’est ce que souligne notamment le PDG de Siemens Energy, Joe Käser, dans une interview au journal allemand Süddeutsche Zeitung. Käser a noté que la Russie veut délibérément impliquer Siemens dans le conflit, et même si le problème était la réparation des turbines, d’un point de vue technique, cela ne justifierait en aucun cas une réduction aussi forte du débit de gaz.

Par ailleurs, le chancelier allemand Olaf Scholz, après avoir personnellement inspecté la turbine de Nord Stream 1, a déclaré qu’il n’y avait aucune raison technique de réduire les volumes de gaz via le gazoduc.

Selon le site Correctiv, avant le début des travaux de réparation et l’arrêt complet temporaire de Nord Stream 1, les approvisionnements en gaz vers l’Allemagne ont été réduits jusqu’à 40 % à la mi-juin. L’une des raisons invoquée était que la turbine nécessaire était « bloquée » au Canada et ne pouvait pas être retournée en raison des sanctions contre la Russie. La turbine a été entretenue par Siemens Energy au Canada. La partie allemande affirme que la turbine n’est pas nécessaire au fonctionnement. Un porte-parole de l’Agence fédérale allemande des réseaux a déclaré à Correctiv que le gazoduc peut transporter du gaz même sans cette unité.

De plus, dès le 10 juillet, le Canada a annoncé qu’il accorderait une exemption de sanctions qui permettrait à la turbine Siemens d’être renvoyée en Russie. Cependant, selon les médias, la turbine se trouve toujours à l’usine Siemens Energy de Mülheim an der Ruhr en Allemagne. Elle devait être envoyée à Helsinki le 25 juillet, mais Gazprom a déclaré que les documents nécessaires au transport n’étaient pas suffisants. Ainsi, les soi-disant « problèmes techniques » avec la turbine Siemens ne sont qu’un prétexte utilisé par la Russie pour limiter l’approvisionnement en gaz de l’Europe.

L’attaché de presse de la Commission européenne, Eric Mamer, a également démenti l’information selon laquelle les sanctions de l’UE contre la Russie empêcheraient la fourniture de turbines pour le gazoduc Nord Stream. Il a accusé Moscou d’utiliser l’approvisionnement énergétique comme levier pour faire chanter l’Europe pour son opposition à l’invasion de l’Ukraine. L’argument est devenu possible parce que l’économie européenne, et en particulier les industries allemandes de l’énergie et de la chimie, est fortement dépendante de l’approvisionnement en gaz naturel des gisements russes.

StopFake continue de réfuter les infox sur la guerre de la Russie contre l’Ukraine: «Faux: l’ONU a condamné les «attaques des forces armées de l’Ukraine» sur la centrale nucléaire de Zaporijjia», «Infox: l’OTAN a confirmé que la Russie ne combat «pas à pleine puissance» en Ukraine», «Manipulation: dans L’Europe on «rejette le tribunal spécial» et la reconnaissance de la guerre en Ukraine comme une agression».