Les médias espagnols ont publié un grand nombre d’articles sur l’arrivée du joueur de football ukrainien Roman Zozulya à Séville, le 4 août dernier. Mais certains médias ont dérapé, avec des commentaires visiblement inspirés essentiellement par leur ignorance… Les médias ont indiqué dans leurs titres que le footballeur est arrivé en T-shirt arborant le symbole du parti d’extrême droite ukrainien «Praviy Sector». Or le photo montre que son T-shirt porte plutôt un blason national de l’Ukraine, le famaux «trident» qui est le symbole officiel du pays depuis le 26 juin 1996.
Le trident ukrainien, apparu dés le 9ème siècle pour incarner l’Ukraine, représente un faucon fondant sur sa proie en piqué, stylisé à la manière des Vikings.
Le journal ABC de Sevilla, 20 minutos (luego fue eliminada), Reporte 24, MultiNoticias, Betis, Publico TV, Sport.es, Mica News et d’autre ont diffusé cette ineptie, confondant le symbole de l’Ukraine avec celui de Pravy Sektor, groupe nationaliste minoritaire qui s’identifie plutôt par les couleurs rouge et noir (quand les couleurs du drapeau ukrainien sont jaune et bleu).
Il est assez affligeant de constater que les journaux espagnol n’ont pas vérifié l’information, ne serait-ce que sur Wikipedia, où il est facile de trouver un article en espagnol sur le blason de l’Ukraine.
En outre, ces mêmes articles ont accusé Roman Zozulya d’avoir des sympathies «nazies» et «fascistes». Là encore, ces médias sont dans l’approximation et l’amalgame.
En réalité, Roman Zozulya a creé une fondation de bienfaisance «Narodna armia» («Armée populaire») qui aide les Forces armées ukrainiennes. Elle n’aide pas particulièrement «Praviy Sector» (qui n’est d’ailleurs pas un groupement nazi, mais seulement nationaliste ukrainien). De plus, ce sportif a vendu aux enchères sa médaille de finaliste de la Ligue Europa de 2014 pour 210.000 hryvnias (7800 euros) dans le but de financer de l’aide militaire. Il agit ainsi comme de nombreux ukrainiens qui donnent régulièrement des fonds pour soutenir l’effort d’équipement de l’armée, pour faire face à l’aggression russe. Roman Zozulya montre donc son engagement en faveur de l’indépendance ukrainienne, mais cela ne fait pas de lui un « fasciste ».
StopFake a déjà rapporté que le journal en ligne espagnol «La Voz de Galicia» a accusé, également à tors, un autre footballeur ukrainien, Yevgen Konoplyanka, d’être un « fasciste » à cause du fait qu’il avait employé l’expression «Slava Ukraini!» («Gloire à l’Ukraine!»). Cette expression, il faut le rappeler, est simplement le cri de ralliement des manifestants de la place Maidan et puise son origine dans la lutte pour l’indépendance des Ukrainiens. Le terme était apparu durant la seconde guerre mondiale, au sein de l’armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) qui se battait à la fois contre les nazis et les soviétiques.
Il est regretable de voir des marques de patriotisme être assimilées à une adhésion aux idées nazies. Tout comme cela le serait d’écrire qu’un footballeur espagnol arborant les couleurs de son pays devient obligatoirement un partisan du général Franco.