Kyïv, le 25 octobre 2016 – L’annulation de la visite de Vladimir Poutine à Paris a mis la fin à une action de relations publiques importante du Kremlin. Cette action devait devenir un tournant dans les relations franco-russes. «En fait, c’était l’arrivée du vainqueur, «l’empereur sur son cheval blanc», on peut même dire, le nouveau tsar, comme Nicolas II avec le pont Alexandre III, qui arrive à Paris pour bouleverser la politique française et européenne à l’égard de la Russie et mettre un terme aux sanctions contre la Russie. C’était le but véritable de cette visite», a expliqué Galia Ackerman, écrivaine, historienne, journaliste franco-russe.
La visite de Poutine à Paris était prévue pour l’ouverture du Centre culturel spirituel orthodoxe russe comme un symbole de l’amitié franco-russe. Cette cérémonie était prévue au plus haut niveau : François Hollande, Président français et le Patriarche russe Cyril auraient dû y participer.
Les controverses dans l’histoire avec le «Centre spirituel»
Galia Ackerman a rappelé que la décision concernant la construction du Centre avait été prise par François Fillon et Nicolas Sarkozy en 2008, alors que Dmitry Medvedev était président de la Russie. Les relations entre la France et la Russie n’ont jamais été aussi bonnes qu’à ce moment là. Madame Ackerman a remarqué qu’il y avait un certain nombre d’épisodes intéressants dans cette histoire : notamment, le Centre a obtenu le statut d’institution diplomatique, même si théoriquement il n’est qu’un lieu de culte avec quelques fonctions supplémentaires d’enseignement.
D’autres projets russes à Paris
La visite de Poutine à Paris incluait un nombre d’événements qui permettaient de créer une toile de fond accentuant son triomphe. Ainsi, le Congrès mondial de la presse russophone aurait dû être ouvert au Centre. François Hollande et Vladimir Poutine auraient dû aussi inaugurer ensemble l’exposition de peinture du mécène russe Chtchoukine, contenant des joyaux de la peinture française du début du XXe siècle.
Une autre exposition pour renforcer le «geste d’amitié » s’est ouverte le 13 septembre au Centre Georges Pompidou à Paris. «L’idée de cette exposition était la suivante : les mécènes russes, y compris l’oligarque Patanine, offrent au Centre Pompidou les œuvres des artistes russes 1950-2000 de leurs propres collections. C’était prévu comme un beau geste : «Vous avez introduit des sanctions contre nous, mais nous, on vous offre généreusement des tableaux, de tout notre cœur. Il est à noter aussi que cette exposition a été créée à partir de zéro seulement en 10 mois, donc, elle a été clairement prévue pour l’inauguration du Centre culturel spirituel orthodoxe russe».
«Et tout d’un coup, il s’est avéré que au lieu de la grande inauguration du Centre, dont tous les médias parleraient et qui pouvait prouver l’amitié franco-russe, Hollande et Ayrault souhaitent s’entretenir avec Vladimir Poutine des sujets qui fâchent. Donc, cette grande action de relations publiques a échoué. Bien entendu, les médias russes ont essayé de lisser ce moment désagréable et de faire comme si de rien n’était, mais la déception était grande », a souligné madame Ackerman.
Rappelons que la visite officielle du président russe à Paris était prévue pour le 19 Octobre. Après le bombardement brutal d’Alep avec la participation de l’aviation russe et le droit de veto que la Russie a opposé à la résolution française destinée à mettre fin au bombardement, François Hollande a laissé entendre que la réunion ne pourrait avoir lieu, puis qu’il ne rencontrerait Vladimir Poutine que pour discuter de la question syrienne. Alors, Poutine a annulé sa visite.
Source: UKRAINE CRISIS media center