Par : Samuel Stolton | EURACTIV.com
L’agence britannique de protection des données a averti les partis politiques du pays qu’ils devaient se conformer aux lois sur le stockage et la protection des données en vue des élections législatives du 12 décembre.
L’annonce de l’agence de protection de données jette un pavé dans la marre, alors que la pression s’accentue auprès du gouvernement pour qu’il publie un rapport examinant une possible ingérence russe dans les élections britanniques.
Elizabeth Denham, la commissaire à l’information du Royaume-Uni, a rédigé une lettre à tous les partis politiques, leur rappelant qu’il était crucial de «continuer de s’aligner sur la loi de la protection des données et la loi du marché électronique».
«Nos citoyens n’ont jamais été aussi conscients de leurs droits sur la protection de données et tous s’attendent à ce qu’ils soient respectés».
Le Bureau du commissaire à l’information a mené une enquête approfondie en 2018 sur l’utilisation des données personnelles à des fins politiques et a mis en évidence diverses préoccupations concernant sur l’utilisation de la publicité comportementale et le manque de transparence du profilage, et ce, dans le cadre des récentes campagnes électorales.
Des accusations émergent
Plusieurs rapports sur l’utilisation de techniques de collecte de données par les partis politiques du Royaume-Uni ont été mis en évidence. Le parti travailliste (Labour) est accusé d’avoir eu recours à un « courtier en données » pour établir les profils des électeurs britanniques afin de les cibler avec des publicités en ligne bien spécifiques, alors que les Libéraux démocrates utilisent des logiciels afin d’identifier tous les électeurs potentiels au Royaume-Uni, selon Sky News.
La semaine dernière, Facebook a retiré les publicités du gouvernement britannique de sa plate-forme, car elles auraient ciblé les électeurs des petites circonscriptions de façon abusive, dans le cadre la campagne gouvernementale « MyTown ». Le 10, Donwing street nie cependant que ces publicités ont été retirées par Facebook et maintient que le gouvernement avait prévu de mettre un terme à leur publication.
Par ailleurs, un document divulgué en septembre laissait entendre que le gouvernement britannique envisageait de collecter, en catimini, les données personnelles des citoyens en accédant au site officiel Gov.uk. Cette note, lue par Boris Johnson et les ministres du gouvernement, stipulait que le site Gov.uk « servait de plate-forme permettant de collecter ainsi que d’analyser des informations personnalisées et ciblées dans le but de soutenir les processus décisionnels importants. »
Les inquiétudes au sujet de la collecte de données sont notamment alimentées par le scandale de Cambridge Analytica 2018, lors duquel les données personnelles de 87 millions d’utilisateurs Facebook avaient été récoltées sans leur consentement. Environ 2,7 millions de ces utilisateurs étaient des citoyens de l’UE. La semaine dernière, Facebook a obtenu un accord concernant son rôle dans ce scandale et devra payer une amende de 500 000 £ au profit de l’agence britannique de protection de données, mais sera dispensé d’admettre ses torts dans cette affaire.
Ingérence russe
Londres a également indiqué qu’elle ne retenait pas la publication d’un rapport sur l’ingérence russe dans les élections britanniques jusqu’après les élections générales.
Le rapport sera publié en temps voulu, a indiqué le ministre des Affaires étrangères, Christopher Pincher, ajoutant que le gouvernement « ne peut pas précipiter cette démarche pour ne pas compromettre la sécurité nationale ». Ses propos font suite à des entretiens téléphoniques avec l’ancien chef du MI5, Lord Evans of Weardale, qui l’incitait à publier le document le plus rapidement possible.
Le rapport, mené par la commission parlementaire du renseignement et de la sécurité, a été terminé en mars et envoyé à Londres le 17 octobre, mais des voix se sont élevées, accusant le gouvernement du retarder la publication du document.
Lettre à Zuckerberg, Dorsey et Pichai
Entre temps, le gouvernement semble s’inquiéter toujours plus de la façon dont sont traités les députés sur les réseaux sociaux, car certains ont été victimes de harcèlement en ligne et de menaces.
Dans une lettre commune à l’intention de Mark Zuckerberg (Facebook), Jack Dorsey (Twitter) et Sundar Pichai (Google), plusieurs cabinets ministériels craignent que la prochaine campagne électorale soit placée sous le signe «de l’intimidation, du harcèlement et des menaces».
«Il est primordial de distinguer les débats politiques passionnés des menaces, de la haine, de l’intimidation et de la violence», indique la lettre, signée par le ministre chargé du Cabinet Oliver Dowden, la ministre de l’Intérieur Priti Patel et la secrétaire d’État à la culture, Nicky Morgan, ajoutant que ces plateformes devraient faire plus pour assurer un soutien au cas où les députés étaient victimes de harcèlement en ligne.
Par : Samuel Stolton
Source: EURACTIV.com