Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, a exigé que la Russie «cesse ses comportements dangereux» après une cyberattaque visant l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.
Le secrétaire général de l’OTAN, le Norvégien Jens Stoltenberg, a élevé la voix face à la Russie le 4 octobre. Moscou doit cesser d’utiliser la force contre ses voisins, de tenter d’influencer les processus électoraux et de mener de larges campagnes de désinformation, a-t-il estimé. Il attend donc des Russes une «plus grande conformité» aux règles internationales.
Ces déclarations suivent l’annonce des services de renseignements néerlandais et britanniques selon laquelle une série de cyberattaques avaient été lancées par le GRU, le service de renseignement militaire russe, dans de nombreux secteurs, du sport et des transports aux élections présidentielles américaines de 2016.
Cette nouvelle a entrainé de vives réactions de la part des responsables européens. Donald Tusk, le président du Conseil, et Federica Mogherini, la Haute Représentante de l’UE, ont publié un communiqué commun dénonçant un « mépris agressif et manifeste » pour la fonction de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), qui opère dans le cadre d’un mandat onusien.
« Nous déplorons de tels actes, qui vont à l’encontre du droit international et des institutions internationales. L’UE continuera de renforcer les capacités numériques de ses institutions, de celles de ses États membres et de ses organisations et partenaires internationaux », ont-ils assuré.
Selon les sources britanniques, la Russie est presque certainement à l’origine des attaques BadRabbit et de celles contre l’Agence antidoping internationale en 2017, du piratage du Comité national démocrate américain en 2016 et du vol d’emails d’une station télé britannique en 2015.
Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, rejette ces attaques en bloc, les qualifiant de «cocktail [d’accusations] au parfum diabolique» provenant d’un esprit «plein d’imagination».
De son côté, Jens Stoltenberg a tenu à souligner que l’OTAN était une alliance défensive, agissant proportionnellement et en conformité avec le droit international. Face à la dernière série d’attaques de la Russie, l’OTAN réagit en renforçant ses propres cyberdéfenses et en intégrant les cybercapacités nationales, bien sûr, mais aussi en intégrant les cyberattaques à l’article 5 du Traité de Washington, a-t-il expliqué.
Cet article stipule que toute « attaque armée » contre un membre de l’OTAN « est considérée comme une attaque armée contre tous ses membres » et ouvre donc la voie à une action défensive de rétablissement de la sécurité.
Approuvée par les ministres de la Défense lors du sommet du Pays de Galles de 2014, cette disposition a en effet été actualisée en vue d’une nouvelle politique de cyberdéfense. «Le Conseil de l’Atlantique Nord décidera au cas par cas du moment où une cyberattaque entrainerait l’invocation de l’article 5», prévoient les textes.
L’OTAN n’a invoqué l’article 5 qu’une seule fois dans son Histoire, en réponse aux attaques terroristes du 11 septembre 2001.
Le secrétaire américain à la Défense, Jim Mattis, participait à la réunion de l’OTAN à Bruxelles, le 4 octobre. Il a appelé Moscou à «revenir au respect» du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI). Il semblerait en effet que la Russie soit en possession d’un 9M729, un nouveau système de missile nucléaire.
«Ne vous méprenez pas sur nos intentions, la situation actuelle avec la Russie, en violation flagrante de ce traité, est intenable», a-t-il menacé.
En ce qui concerne l’attaque contre l’OIAC, Jim Mattis ne s’en étonne pas: «Qui est surpris qu’ils s’attaquent à cette organisation ? Personne, je pense». «La Russie fait preuve d’un mépris flagrant pour la vie humaine et le droit international», a-t-il ajouté.
Quant à savoir comment Washington compte réagir aux attaques contre ses alliés de l’OTAN, il ne préfère pas se prononcer, mais assure vouloir toujours ramener la Russie dans le droit chemin, «il est grand temps».
Par : Alexandra Brzozowski et Samuel Stolton
Source: EURACTIV.com translated by Manon Flausch