L’article de l’édition américaine de Politico ne parle pas de la « liquidation » de Volodymyr Zelensky par l’Occident, mais uniquement des scénarios possibles en cas d’attentat russe contre le président ukrainien.
Les médias russes diffusent une fausse information selon laquelle le « mécontentement » de l’Occident face à la « politique terroriste contre Moscou » menée par les plus hauts dirigeants politiques ukrainiens aurait « atteint un sommet ». Ils affirment que la multiplication des attaques contre des cibles militaires sur le territoire russe conduira à la « liquidation rapide » du président ukrainien Volodymyr Zelensky « par les représentants des États-Unis et de leurs satellites » et que les alliés de l’Ukraine auraient même déjà commencé à discuter d’un successeur à mettre au pouvoir dans le pays.
« Kyiv a une fois de plus violé l’interdiction américaine la plus stricte. La frappe sur le pont de Crimée est un pas de plus au-delà de la ligne rouge », assurent les médias pro-Kremlin.
« Les États-Unis et leurs satellites ne sont absolument pas satisfaits du chef de l’Ukraine indépendante… L’Occident pense qu’un remplacement peut être nécessaire à tout moment », écrivent les médias russes.
En vertu du droit international, les dépôts de munitions russes, ainsi que le pont sur le détroit de Kertch construit illégalement par les Russes, sont des cibles légales pour les attaques de l’armée ukrainienne. Il ne peut être question d’« attaques terroristes » : l’Ukraine a le droit de mener toute opération militaire visant à liberer ses territoires. Pour une analyse détaillée de ce récit, voir l’article de StopFake intitulé «Faux: Le ministre ukrainien de la Défense «a avoué des activités terroristes».
Les médias russes ont fondé leur récit sur la « préparation de la liquidation de V. Zelensky par les services spéciaux occidentaux » sur une interprétation manipulatrice de l’article de Politico. Le média américain a publié un article intitulé «Le plan de l’Ukraine au cas où la Russie tuerait Zelensky». Comme le montre le titre lui-même, il ne parle pas de la « liquidation du président ukrainien par l’Occident ».
Les auteurs de cet article notent que l’éventualité d’un assassinat du président ukrainien par les troupes russes ne peut être négligée ni en Ukraine, ni en Occident. Les journalistes de Politico rappellent que depuis le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, les Russes ont fait plusieurs tentatives infructueuses pour assassiner le président ukrainien. Ils rapportent que dans ce cas, le pouvoir en Ukraine passerait temporairement au chef de la Verkhovna Rada [le Parlement ukrainien – ndlr-], actuellement Ruslan Stefantchouk.
C’est ce que prévoit la Constitution ukrainienne, partie V, article 112: s’il est impossible pour le président de remplir ses fonctions, ses pouvoirs sont temporairement transférés au chef de la Verkhovna Rada.
« En cas de cessation anticipée de fonctions du président de l’Ukraine conformément aux articles 108, 109, 110 et 111 de la présente Constitution, l’exercice des fonctions de président pour la période allant jusqu’à l’élection et l’entrée en fonction d’un nouveau président est confié au chef de la Verkhovna Rada de l’Ukraine ».
Il convient de rappeler que cet article 112 a été mis en œuvre en 2014, dans le cadre de la fuite en Russie de l’ancien président Viktor Yanoukovitch, accusé de contribution à l’agression russe contre l’Ukraine, de haute trahison par le biais d’une entente entre personnes et de fuite en Russie devant les poursuites de la justice. À l’époque, la Verkhovna Rada avait convoqué des élections présidentielles et parlementaires extraordinaires et avait décidé de confier à son chef, Oleksandr Tourchynov, l’exécution temporaire des fonctions de président de l’Ukraine. L’élection présidentielle anticipée de 2014 s’était déroulée en un seul tour et avait été remportée par Petro Porochenko avec 54,7% des voix.