Réalité: Selon le Ministère irlandais de la Justice, l’institution n’a jamais envoyé de telles lettres à des citoyens ukrainiens.
Des comptes anonymes ainsi que certains internautes prétendent que des Ukrainiens vivant en Irlande auraient commencé à recevoir des avis d’extradition parce qu’ils sont soumis à une mobilisation en Ukraine. Ces publications sont accompagnées d’une photocopie d’une lettre que le ministère irlandais de la justice aurait envoyée à un citoyen ukrainien vivant à Limerick. La « lettre » indique que l’homme sera extradé vers l’Ukraine sur la base de la Convention européenne d’extradition de 1957.
En réalité, il n’en est rien, car le message et la fausse « lettre » sont fabriqués de toute pièce. Le Ministère irlandais de la justice a déclaré qu’il n’avait jamais envoyé de lettres de ce type à des citoyens ukrainiens.
Cette « lettre » est un faux, comme l’indiquent les erreurs dans le texte, ainsi que l’incohérence de son contenu avec les normes de la législation locale. Plus précisément, le nom du pays est indiqué comme « République d’Irlande » (Republic of Ireland). Selon la Constitution du pays, le nom officiel de l’État est « Irlande » (au sens de sujet de droit international). Le mot «république» s’ajoute uniquement quand il est nécessaire de préciser qu’il s’agit d’un État et pas de l’île éponyme. Autrement dit, quand il s’agit de « description de l’État » (Description of the State).
Dans un commentaire à The Irish Times, le porte-parole du ministère indique : « En cas de doute sur une correspondance qui vient prétendument du ministère de la Justice, veuillez contacter le département au 1800-221227. La fraude est très répandue et peut avoir lieu à tout moment. Les types de fraude les plus courants comprennent l’utilisation de faux courriels, appels ou messages textuels, sous les traits de vraies sociétés et organisations ».
Pour le moment, personne ne sait le nombre exact de destinataires de ces fausses « lettres ». Personne ne sait non plus qui est responsable de cette provocation. Selon Shayan Sardarizadeh, journaliste de BBC Verify, cette « lettre » est diffusée en ligne principalement par des comptes pro-Kremlin.
Auparavant, le chef de la faction Serviteur du peuple, David Arakhamia, a déclaré que les conscrits ukrainiens qui ont quitté l’Ukraine sur la base de faux documents pouvaient être extradés vers leurs pays d’origine.
Fedor Venislavsky, membre du comité de la sécurité nationale, de la défense et du renseignement, a précisé dans le commentaire pour Radio Liberty, que les actions liées au franchissement illégal de la frontière nationale de l’Ukraine constituaient un acte criminel de nature personnel. Tout fait illicite engage la demande de l’extradition à des collègues étrangers et la présentation des documents prouvant qu’une personne se cache de la justice ou du tribunal.
La propagande du Kremlin utilise régulièrement le sujet de la mobilisation dans ses campagnes d’information contre l’Ukraine. Par exemple, les journalistes de StopFake ont déjà réfuté des fausses informations à ce propos dans les documents suivants: « Infox : L’UE formera des bataillons pour les forces armées ukrainiennes avec les réfugiés ukrainiens » ou «Faux: La Pologne « expulse » les Ukrainiens – « pour les transformer en chair à canon»» .