La réalité : Les autorités de la région de Kharkiv n’ont jamais déclaré leur désir de se rattacher à la Russie. La récente étude de l’Institut international de sociologie de Kyiv montre que 82% des habitants des territoires temporairement occupés sont défavorables à la Russie, et 77% d’entre eux considèrent qu’aucune circonstance ne saurait justifier que l’Ukraine renonce à ses territoires, même si cette décision risque de provoquer le prolongement de la guerre et d’accroître les menaces pour son indépendance. Vitaliy Hantchev, nommé au poste de «chef de l’Administration civile temporaire de la région de Kharkiv» par les autorités russes, est accusé par l’Ukraine de trahison et de collaboration avec l’ennemi.
«Les autorités et les habitants de la partie libérée de la région de Kharkiv sont favorables au rattachement de leur région à la Russie. L’Administration cilive temporaire soutient cet élan des gens»: tel est le message qui a été diffusé par plusieurs médias propagandistes russes, notamment TASS, Life, EADaily, RIA Novosti, OSN, TV-5, etc.
Les propagandistes citent l’interview du traître de Kharkiv Vitaliy Hantchev nommé par les autorités russes d’occupation au poste de «chef de l’Administration civile temporaire» agissant sur le territoire occupé de la région de Kharkiv.
Dans son interview pour l’agence de propagande TASS, Hantchev note que les habitants de la partie «libérée» de la région de Kharkiv commencent à s’adapter à la nouvelle réalité et sont favorables à la réunification de leur région avec la Fédération de Russie.
«Notre administration se dirige vers une réunification avec la Russie. Aujourd’hui, quand les habitants apprennent que la nouvelle autorité s’est installée, mettant en place une structure administrative, normative et juridique verticale, introduisant le rouble comme devise principale, ce qui représente une opportunité économique, alors tous ces gens commencent à s’adapter», raconte Hatchev.
En réalité, les autorités légales de la région de Kharkiv n’ont fait aucune déclaration sur leur désir de se rattacher à la Russie. Les médias russes ont diffusé la citation d’une seule personne, nommée par ses soins à la tête d’une administration créée de toutes pièces. mais qui n’a rien de commun avec l’autorité légale ukrainienne.
Vitaliy Hatchev est accusé de trahison et de collaboration avec l’ennemi (selon partie 2 de l’article 111 et la partie 5 de l’article 111-1 du Code pénal ukrainien). Le 21 avril, le Parquet de la région de Kharkiv l’a inculpé in absentia. Le Service de presse du Parquet informe qu’Hatchev a commencé à collaborer avec les occupants de son plein gré. «Le suspect aidait les combattants russes à identifier dans la commune urbaine de Kozatcha Lopan des vétérans de l’opération des Forces unies (OFU) dans le Donbass, des volontaires et des activistes, il a aussi organisé la mise à disposition des militaires russes d’équipements utilisés lors des travaux de construction des points de contrôle», déclare le Parquet de la région de Kharkiv. «De plus, lors d’une réunion de la mairie de la commune urbaine de Kozatcha Lopan, district de Dergatchi, il a cherché à persuader les habitants d’accepter la présence des militaires occupants et d’adopter une attitude globalement loyale envers la Fédération de Russie».
L’affirmation selon laquelle les habitants des territoires occupés de la région de Kharkiv sont favorables à une réunification avec la Russie n’est pas argumentée. Au début du mois de juillet, le chef de l’Administration militaire de la région de Kharkiv, Oleg Sinegubov, a annoncé que les occupants contrôlent temporairement environ 30% de la superficie de la région, à savoir une partie des territoires situés le long de la frontière au nord et une zone entre Voltchansk et Izium à l’est. Depuis l’occupation d’une partie de cette région au début du printemps, les habitants veulent quitter ces territoires et partir vers des villes sous le contrôle de l’Ukraine, précise l’Administration militaire de la région de Kharkiv. Malgré les tirs réguliers, les autorités ukrainiennes et les volontaires organisent chaque jour des évacuations.
Les habitants de la région de Kharkiv qui ont pu fuir parlent de plusieurs cas de pillage et de crimes commis par l’armée russe contre la population civile. Les occupants continuent de violer systématiquement les droits des habitants en entravant leur libre circulation, ce qui crée artificiellement les conditions d’une crise humanitaire.
Bien que les autorités russes qualifient de «libération» l’occupation de territoires ukrainiens, des sondages récents ont montré que les habitants concernés sont extrêmement défavorables à la Russie. Une étude récente de l’Institut international de sociologie de Kyiv effectuée du 13 au 18 mai 2022, a montré que parmi les citoyens restés dans les territoires occupés après le 24 février 2022, la majorité écrasante (82%) est défavorable à la Russie, seuls 6% la soutiennent.
Cette étude montre aussi que dans toutes les régions ukrainiennes, la majorité écrasante des habitants sont défavorables à la Russie, y compris dans la partie est du pays (dont la région de Kharkiv fait partie), où ce chiffre atteint 85%. Seuls 4% des habitants de la partie est du pays continuent de rester favorable à la Russie.
L’étude a également montré que 77% des habitants des territoires temporairement occupés considèrent qu’aucune circonstance ne saurait justifier que l’Ukraine renonce à ses territoires, même si cette décision risque de provoquer le prolongement de la guerre et d’accroître les menaces pour son indépendance. En ce qui concerne l’acceptation de la concession des territoires à la Russie, 68% des habitants des régions situées à l’est de l’Ukraine y sont opposés.
StopFake avait déjà démenti l’information du Kremlin selon laquelle l’Ukraine «aurait refusé» de financer Kharkiv, acceptant que la Russie l’occupe.