La réalité: Selon le droit international de la guerre, les bases militaires, les dépôts de carburant et les raffineries de pétrole russes sont des objectifs militaires légitimes pour l’Ukraine, donc il ne s’agit pas d’attentats. Le Chef du Renseignement militaire d’Ukraine n’a pas confirmé l’implication de l’Ukraine dans de telles attaques. Selon Kyrylo Budanov, les attaques et les sabotages contre les forces d’occupation russes «sont menés partout, ces actions ont été et seront effectuées en Russie et de nombreux autres autres lieux».
Se référant au journal britannique Financial Times, les médias russes ont diffusé des informations fausses selon lesquelles le Chef du Renseignement militaire d’Ukraine Kyrylo Budanov «a émis des menaces d’attentats et de sabotages sur tout le territoire de la Russie». Les propagandistes affirment que la liquidation de collaborateurs et de représentants des «nouvelles autorités» sur le territoire des régions ukrainiennes occupées sont des actes terroristes.
En effet, le 27 juin, Financial Times a publié sur son site une interview du Chef du Renseignement militaire d’Ukraine intitulée «Le retrait des troupes ukrainiennes de Sieverodonetsk présente un caractère «tactique». K. Budanov a aussi commenté le développement de la lutte partisane sur les territoires ukrainiens occupés par la Russie et les sabotages sur le territoire de la Fédération de Russie. Il a mentionné l’intensification du mouvement partisan dans la région de Kherson. Exemple: un des fonctionnaires nommés par les forces d’occupation russes est mort dans l’explosion de sa voiture.
De plus, dans l’article du Financial Times, il s’agit d’actions de sabotage qui ont eu lieu sur le territoire de la Russie: «nous avons reçu des messages indiquant que des raffineries de pétrole, des dépôts de carburant et des bases militaires situés sur le territoire de la Russie ont été attaqués par des missiles et des drones de combat».
Dans son commentaire au Financial Times, K. Budanov n’a pas confirmé l’implication de l’Ukraine dans ces actes: des attaques et des actes de sabotages contre les forces d’occupation russes «sont menés partout, ces actions ont été et seront effectuées en Russie et dans d’autres lieux», — a indiqué K. Budanov, mais il n’a pas confirmé si elles avaient été organisées ou non par les autorités ukrainiennes».
Les médias du Kremlin ont interprété cette phrase comme une menace d’attentat proférée à l’encontre de la Russie.
D’après l’article publié par le Financial Times, il s’agit d’attaques contre les représentants des autorités d’occupation, des raffineries de pétrole, des dépôts de carburant et des bases militaires situées sur le territoire de la Russie. Bien que le Chef du Renseignement militaire d’Ukraine n’ait pas confirmé l’implication de son pays dans ces attaques, cette liste constitue des objectifs militaires légitimes pour l’Ukraine.
Cette dernière a toutes les raisons pour attaquer des objectifs militaires situés sur le territoire de la Russie afin de perturber la logistique et les lignes d’approvisionnement de l’ennemi. Du point de vue du droit international de la guerre, c’est un des types de combat légitime. C‘est ce qu’affirme également le Secrétaire d’État américain Antony Blinken et le Secrétaire d’État à la Défense britannique Ben Wallace.
L’Ukraine et la Russie ont ratifié les Conventions de Genève de 1949 et leur Protocole I régissant le droit des parties au conflit armé de choisir les moyens et les méthodes de mener la guerre. Les lois et les coutumes de la guerre permettent d’attaquer uniquement «les objectifs militaires légitimes». Conformément aux normes du droit humanitaire international, un objectif militaire doit répondre à deux critères: premièrement, il doit être un élément important dans les actions militaires de l’ennemi; deuxièmement, sa destruction, son occupation ou sa neutralisation doit apporter un avantage militaire pour l’autre partie au conflit. Il peut donc s’agir soit du personnel de l’ennemi, soit d’une installation qui fait partie de l’infrastructure militaire ou est utilisée à des fins militaires.
De même, les lois et les coutumes de la guerre protègent les «installations civiles», qui ne font pas partie des objectifs militaires. Les attaques délibérées contre les biens civils tels que maisons, appartements, entreprises, édifices religieux, hôpitaux, écoles, monuments, etc., sont interdites si ces biens n’ont pas été utilisés à des fins militaires, ce qui en ferait un objectif militaire légitime.
Sur le site du Comité international de la Croix-Rouge, il est indiqué que, selon la pratique de qualification des objectifs militaires, «les bases militaires, les entrepôts … les bâtiments et les installations d’assistance administrative, matérielle et technique aux militaires sont considérés comme des objectifs militaires».
Selon la définition de l’Assemblée Générale de l’ONU, l’attentat est un crime visant à terroriser une population, un groupe de personnes ou un individu pour des motifs politiques. Il n’est justifiable en aucune circonstance politique, philosophique, idéologique, raciale, ethnique, religieuse ou autre.
Les biens situés sur le territoire de la Russie qui sont cités dans la publication du Financial Times, et notamment les raffineries de pétrole, les entrepôts de carburant et les autres biens militaires, sont donc bien des objectifs militaires légitimes pour l’Ukraine.
Les experts du droit international considèrent que les personnes civiles peuvent devenir un objectif militaire légitime « si elles contribuent au soutien de l’armée, à son approvisionnement avec des armes ou qu’elles apportent un autre type d’aide », car dans ce cas-là, «elles deviennent un partie intégrante de la machine militaire et représentent une menace pour l’autre partie ». Donc, dans certains cas, les fonctionnaires des administrations militaires et civiles d’occupation peuvent également être des objectifs militaires légitimes.
Début juin, le conseiller du Chef de l’Office du Président, Mikhailo Podolyak, a déclaré que les fonctionnaires qui ont donné leur accord pour coopérer avec les occupants deviennent un objectif militaire légitime pour les services spéciaux ukrainiens et les tribunaux.
La propagande russe tente régulièrement d’accuser l’Ukraine de l’organisation d’attentats sur le territoire russe. Le Centre d’action contre la désinformation auprès du Conseil de la sécurité nationale et de la défense d’Ukraine avait déjà publié des informations sur une série d’«attentats» perpétrés par les Services spéciaux de la Fédération de Russie sur leur territoire afin de renforcer les sentiments anti-ukrainiens. Le site StopFake a aussi démenti de fausses informations sur la préparation d’attentats massifs sous le contrôle des services spéciaux ukrainiens: «Le Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie a «arrêté» de nouveau des néonazis ukrainiens. Depuis un an, la Fédération de Russie diffuse de fausses informations sur le groupe MKU», «Faux: Des nazis ukrainiens ont été arrêtés à Voronej».