Le porte-parole d’Europol, Jan op gen Oorth, n’a pas confirmé l’existence d’un trafic d’armes en provenance de l’Ukraine. L’agence de presse allemande (DPA) et d’autres médias ont mal interprété ses propos. Un communiqué de presse publié à la suite de la déclaration du porte-parole d’Europol indique qu’il s’agissait seulement d’une menace du fait de la guerre en Ukraine.
Le 21 juillet, les médias internationaux ont diffusé une déclaration du porte-parole d’Europol Jan op gen Oorth évoquant des cas de «de contrebande d’armes en provenance d’Ukraine ». Selon un article de l’Agence de presse allemand (DPA), le porte-parole d’Europol disposait d’informations à ce sujet. Dans son commentaire pour DPA il aurait indiqué que des « cas de commerce illicite d’armes à feu et de matériel à usage militaire sur le marché noir ont été détectés ».
«Les enquêteurs des États membres de l’UE disposent également d’indications sur le commerce d’armes militaire lourdes (en provenance d’Ukraine – ndlr). Le risque est alors que les armes tombent aux mains du crime organisé ou de terroristes», dit le porte-parole d’Europol selon l’agence de presse allemande, repris par Der Spiegel, qui a été l’un des premières à publier cette information. Les médias russes, comme Lenta.ru, Kommersant, TASS, RBC et d’autres ont repris cette nouvelle.
Les propos du représentant d’Europol ontaussi tôt fait des vagues et des journalistes ont demandé des explications. Aleksey Danilov, le secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense de l’Ukraine, a indiqué qu’il souhaite s’entretenir avec des représentants d’Europol au sujet de ces déclarations.
Or il s’avère qu’en réalité, aucun cas de contrebande d’armes d’Ukraine, reçue de ses partenaires occidentaux, n’a été relevé. La polémique a poussé Europol à publier une déclaration officielle sur son site pour préciser son propos. Elle indique qu’Europol est préoccupé par le fait que des armes à feu fournies à l’Ukraine «pourraient tomber dans de mauvaises mains», mais ne dit pas que cela a été le cas.
Europol a également attiré l’attention sur le fait que la prolifération d’armes à feu et de matières explosives en Ukraine est un facteur qui risque d’entraîner une augmentation du trafic d’armes à feu et de munitions dans l’UE. Mais cette agence européenne spécialisée dans la répression de la criminalité n’a signalé aucun fait concret montrant que c’est déjà le cas. Elle souligne qu’elle « coopère étroitement avec les responsables ukrainiens et leur fait pleinement confiance ».
L’expert militaire Oleg Zhdanov a jugé que la déclaration d’Europol sert de base à une campagne de lobbying de Moscou pour ralentir les livraisons d’armes à l’Ukraine. La presse occidentale a largement diffusé activement ces allégations. En juillet, l’UE a jugé que les messages trompeurs sur la «contrebande d’armes» en provenance d’Ukraine étaient de la propagande russe. L’ancien ambassadeur d’Ukraine aux Etats-Unis (2015-2019) Valeriy Chaly a également déclaré qu’une opération russe est en cours pour tenter d’interrompre les livraisons d’armes des Etats-Unis à l’Ukraine.