La maternité de substitution est interdite en Suisse. Une vidéo diffusée par des médias russes en Suisse montre en réalité un abri anti-atomique à Kyiv, équipé pour les besoins d’une société proposant des services de maternité de substitution, en Ukraine. À l’heure actuelle, cette pratique est autorisée dans le pays sous certaines conditions.

La propagande russe cherche à salir la réputation des réfugiées ukrainiennes, en les accusant de  « donner naissance à des enfants destinés à être vendus dans des bunkers spéciaux en Suisse ».

« Les enfants sont achetés comme des marchandises par des étrangers, et une société suisse gagne des milliards grâce à cela », inventent les propagandistes du Kremlin.

Capture d’écran – bloknot.ru

StopFake a établit que c’est le podcast américain Redacted, animé par le couple marié Clayton et Natali Morris, qui est à l’origine de l’émergence de ces informations. Clayton Morris était un animateur de télévision sur Fox News Channel, et était également un investisseur immobilier accusé de fraude et de ventes frauduleuses. Après une série de recours collectifs, les Morris se sont installés au Portugal, où ils ont également commencé à animer leur podcast. Même une analyse superficielle de son contenu montre que les animateurs diffusent des théories conspirationnistes (par exemple, sur les « drogues adrénochromes »), des informations plus que douteuses sur les vaccins, sur la façon dont les États-Unis « occupent la planète », etc. Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le contenu de leur podcasts s’est également centré sur l’Ukraine, mais en diffusant des récits de propagande russe (par exemple, que la guerre avait été déclenchée par l’Occident, alors que la Russie et la Chine s’efforcent de parvenir à la paix – ndlr).

Ainsi, lors d’un autre podcast, les animateurs ont rapporté une histoire incroyable, selon laquelle des femmes ukrainiennes donneraient naissance à des enfants destinés à être vendus dans des bunkers spéciaux en Suisse. Ces déclarations sont accompagnées d’une vidéo qui montre un abri antiatomique avec des lits d’enfants, et un personnel médical.

StopFake a découvert, grâce à une recherche d’images inversée, que le podcast utilise une vidéo de BioTexCom, une société ukrainienne qui propose des services de maternité de substitution (et qui fait l’objet de nombreuses allégations de fraude (y compris documentaire), et même de trafic d’enfants – ndlr). En effet, au début de l’invasion massive de l’Ukraine par la Russie, la société a utilisé un abri antiatomique séparé pour les bébés et les mères. C’est précisément cet abri anti-atomique qui a été montré dans la vidéo. Il ne s’agit donc pas de « bunkers spéciaux suisses ». De plus, la maternité de substitution est interdite en Suisse.

La maternité de substitution est actuellement légalisée en Ukraine, et les sociétés qui fournissent ce type de services continuent d’opérer, même avec la loi martiale en vigueur dans le pays. La maternité de substitution est cependant soumise à un certain nombre de conditions : la mère porteuse ne doit pas avoir de lien génétique direct avec l’enfant, elle doit avoir ses propres enfants, doit obtenir l’autorisation de son mari, etc. Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le parlement a examiné une proposition visant à interdire aux étrangers de recourir aux services d’une mère porteuse pendant la période de loi martiale, et trois ans après sa fin. Mais, ce projet de loi a été rejeté et retiré d’examen. Par ailleurs, les militants des droits de l’homme soulèvent constamment la question de la faible protection des droits des mères porteuses en Ukraine, et évoquent la nécessité d’une législation plus claire et d’un contrôle strict dans ce domaine.

Il convient de noter que la maternité de substitution est également autorisée en Russie, mais fin 2022, les autorités ont interdit aux étrangers de faire appel à des mères porteuses russes. Cette interdiction ne s’applique pas aux familles dans lesquelles est un des conjoints est étranger.

Plus tôt, StopFake a montré un récit similaire dans l’article « Faux: la traite des esclaves reprend en Ukraine».