Les médias pro-Kremlin ont publié les 28 et 29 mars de nombreux articles pour affirmer qu’un militaire ukrainien, malade du COVID-19, aurait été assassiné par un officier supérieur dans la région du Donbass. Les journaux en ligne comme «Donbass Segodnya», «Russkaya Vesna», «Mirovoe obozrenie», ainsi comme d’autres médias citent Dmitriy Astrahan, porte-parole d’une «milice populaire» de la république autoproclamé de Louhansk.
Selon Dmitriy Astrahan, le sergent Liakhman, un militaire de la brigade 54 des Forces Armées Ukrainiennes, s’est enfui d’un hôpital militaire de Krasnoarmeyskiy où il était isolé, après avoir été testé positif au coronavirus. Il aurait été retrouvé sur le chemin vers chez lui, dans le village de Lozovaya, par son supérieur.
«Le commandant Slatin, chef de la brigade, a commencé à battre ce soldat durant sa détention. Ce dernier a tenté de s’échapper, mais l’officier lui a tiré dans le dos et lui a porté un coup fatal», lit-on dans le journal en ligne pro-russe «Donbass Segodnya».
Les journalistes de StopFake.org se sont adressés à l’état-major des «Forces d’opérations Unies» pour savoir combien de militaires ukrainiens sont tombés malades du coronavirus et si ce cas a effectivement eu lieu. Selon l’état-major, à la date de la diffusion de l’information par les médias pro-Kremlin, «il n’y avait aucun cas d’infection par le coronavirus au sein des Forces armées de l’Ukraine». La service de presse de l’armée a caractérisé ces publications sur « l’assassinat » d’un soldat ukrainien par un officier comme «100% fake».
StopFake a également réussi à contacter quelques représentants de la brigade 54 des Forces armées de l’Ukraine. Nous avons appris que la brigade n’a jamais eu dans ses rangs ni de «commandant Slatin », ni de « soldat Liakhman ». Personne dans cette brigade n’avait été testé positif au COVID-19, le jour de la publication des textes. Le «soldat Liakhman» ne figure pas dans la liste des militaires ukrainiens qui ont perdu leur vie dans le Donbass. « Malgré des conditions difficiles, on ne peut pas imaginer qu’un soldat atteint de coronavirus serait envoyé à l’hôpital de Krasnoarmeyskiy qui n’est pas adapté à ce genre de maladie », a dit à StopFake un militaire ukrainien ayant combattu dans les rangs de la brigade 54. Il a ajouté que, en plus, Lozovaya n’a rien à voir avec la localisation de la brigade en question qui est basée à Bakhmout.
La première mort du COVID-19 dans l’armée ukrainienne a eu lieu le 7 avril.
Il s’agit d’une femme, originaire de l’Ouest de pays, qui a été hospitalisée le 27 mars et s’est retrouvée en réanimation le 30 mars. A part elle, 4 personnes ont été détectées positives. « Actuellement l’armée reçoit des tests en quantité nécessaire pour mieux contrôler la situation », assure le service de presse de l’armée.