A l’approche de la Présidentielle, la machine propagandiste travaille à plein régime pour assurer un soutien à Poutine de la part des «nouveaux citoyens» que sont les habitants de la Crimée. L’agence de presse TASS, ainsi que NTV, RIA Novosti, MK.RU ont diffusé une information significative à ce sujet.
Des journalistes russes, se basant sur une déclaration d’un certain Seytoumer Nimetoullaev, un leader du Conseil public des Tatars de Crimée, qui compterait «plus de 20 organisations de Tatars de Crimée», ont assuré que les Tatars se pronnoncent pour une réélection de Vladimir Poutine.
En réalité, il n’existe qu’une seule organisation, l’assemblée des Tatars, ou Majlis, qui peut les représenter de façon légitime. Le Majlis du peuple Tatar de Crimée est leur organe représentatif. Il existe aussi une organisation plus large, c’est le Kurultaj (l’assemblée populaire). Les membres du Majlis sont élus parmis les participants du Kurultaj. Le Règlement du Majlis dit que cet organe est responsable devant le Kurultaj et se fonde sur ses décisions, le Règlement du Majlis, ainsi que sur les règles du droit international et les lois ukrainiennes.
Le Majlis a été créé en 1991, mais en 2016 le Cour suprême de la Russie a interdit l’activité du Majlis des Tatars de Crimée car la Russie l’a considéré comme une organisation extrémiste. Le président de l’organisation, Refat Chubarov est interdit d’entrée sur le territoire de la Crimée. A présent, le Majlis se trouve en exil à Kiev et la Rada, le parlement ukrainien, l’a officiellement reconnu comme étant l’organe représentatif des Tatars de Crimée.
StopFake a reçu les commentaires de Refat Chubarov. Le président du Majlis a catégoriquement nié tout soutien à Vladimir Poutine de la part des Tatars de Crimée. «Non, les Tatars de Crimée ne soutiendront pas Poutine aux élections», a-t-il dit fermement.
Il convient de préciser que Seytoumer Nimetoullaev n’est pas «un leader des Tatars de Crimée». Il est l’ancien chef de l’Administration d’État de Genichesk (région de Kherson, au sud de l’Ukraine). Cet homme a quitté sa région est s’est installé sur la péninsule après le début de l’occupation de la Crimée par les troupes russes. Le Bureau du Procureur de l’Ukraine a émis un avis de recherche contre cet homme. Depuis son installation en Crimée, Seytoumer Nimetoullaev souligne son appui à la Fédération de Russie et aux nouveaux dirigeants de la péninsule. Il n’a aucune influence et aucune soutien parmi les Tatars de Crimée. Le Conseil public des Tatars de Crimée a été créé en 2014. Il se trouve completement sous le contrôle des autorités russes.
Les médias russes citent les paroles manipulatrices de Seytoumer Nimetoullaev: « Nous avons attendu durant 70 ans que notre peuple soit réabilité, mais ce n’est arrivé que maintenent », aurait-il dit. Les défenseurs des droits de l’homme disent tout le contraire: les Tatars subissent des agresions, des enlèvements, des pressions en Crimée sous occupation russe.
Selon le rapport de Human Rights Watch de 2017, «les persécutions de Tatars de Crimée se sont intensifiés» dans la péninsule après son annexion. Amnesty International a aussi établi une longue liste de multiples violation des droits de l’homme en Crimée.