Le site internet russe “Ukraina.ru” affirme que le Parlement européen a adopté une résolution condamnant l’Ukraine pour les crimes qui ont été commis au temps de l’Union soviétique. Selon ce site russe, l’Ukraine s’est trouvée mise en accusation par le parlement européen «à la fois comme héritière de l’URSS et comme promoteur des idéologies néo-nazies». L’article explique longuement que la résolution condamne le pacte germano-soviétique, en rappelant les crimes commis à la fois par l’armée d’Hitler, mais aussi par l’armée rouge qualifiée de force “occupante”.
L’article rappelle que des Ukrainiens se battaient en nombre dans l’armée rouge et qu’ils doivent donc, eux aussi, être qualifiés de “soldats d’occupation”. Et il accuse aussi l’Ukraine contemporaine de continuer à faire la promotion de figures néo-nazis. L’Ukraine contemporaine est donc, selon cette article, doublement visée par le résolution du parlement européen. Le site russe estime également que les médias ukrainiens ont « complètement passé sous silence » ce document, tellement il était «gênant».
En réalité, la “Résolution du Parlement européen sur l’importance de la mémoire européenne pour l’avenir de l’Europe” a été adoptée le 19 septembre 2019. Les médias russes l’ont remarqué quelques semaines plus tard. Le document se focalise sur la mémoire historique de l’UE et sur certains événements bien précis de la Seconde Guerre mondiale.
Précisément, cette Résolution met en évidence le fait que c’étaient «l’Union soviétique communiste et l’Allemagne nazie qui ont signé un pacte de non-agression, connu sous le nom de pacte germano-soviétique ou pacte Molotov-Ribbentrop, dont les protocoles secrets partageaient l’Europe et les territoires d’États indépendants entre ces deux régimes totalitaires, selon des sphères d’influence, ouvrant la voie au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale». La Résolution souligne que les deux régimes totalitaires ont collaboré sur les plans politique, économique et militaire.
Le document spécifie que les Etats membres du Parlement européen demeurent préoccupés par les efforts «déployés par les dirigeants de la Russie d’aujourd’hui pour déformer les faits historiques et blanchir les crimes commis par le régime totalitaire soviétique; considère ces tentatives comme un élément dangereux de la guerre de l’information qui est menée contre l’Europe démocratique et qui cherche à diviser notre continent; demande dès lors à la Commission d’agir de manière décisive pour contrecarrer ces tentatives».
Selon cette résolution, «la Russie reste la plus grande victime du totalitarisme communiste et sa transformation en un État démocratique sera entravée aussi longtemps que le gouvernement, l’élite politique et la propagande politique continueront de blanchir les crimes communistes et de glorifier le régime totalitaire soviétique». Ces messages ne sont pas mentionnés par les médias russes, ce qui n’est guère surprenant. Le coeur de cette résolution est donc bien de mettre en cause la propagande russe qui tente d’imposer une nouvelle lecture de l’histoire de la seconde guerre mondiale. Mais elle ne vise pas du tout l’Ukraine.
Et contrairement à ce qui est dit par le site russe, des médias ukrainiens ont largement couvert l’adoption de cette résolution. Les grands médias ukrainiens ont publié de nombreux articles à ce sujet, et l’Institut de la mémoire nationale de l’Ukraine a publié une communiqué de presse pour souligner l’importance de cet événement politique.