Les médias russes n’ont pas laissé passer la déclaration du ministre de l’infrastructure de l’Ukraine, Vladyslav Krykliy, à propos des réparations que la Russie devrait payer à l’Ukraine pour la restauration du Donbass. Le porte-parole de Kremlin, Dmitri Peskov, a repris un vieux cliché propagandiste affirmant que la Russie «n’est pas engagée dans le conflit dans l’est de l’Ukraine». Le Conseil de la Fédération, une fois de plus, s’est mis à parler de «conflit interne». StopFake.org rappelle que, bien au contraire, c’est la Russie qui a lancé cette guerre dans le Donbass, comme le confirment nombreuses organisations internationales.
Le support de la propagande russe continue de recycler des narratifs connus sur la guerre en Ukraine : « La Russie fait tout pour mettre fin à la guerre dans le Donbass » et « aider la pacification interne », bien qu’en réalité, le Kremlin fait le contraire depuis cinq ans et demi.
«La Russie a fait tout ce qui était possible pour prévenir les effets irréversibles de ce scénario», déclare selon RT, le sénateur russe Konstantin Kosachev.
L’article réprend le mythe de «coup d’état anticonstitutionnel» en faisant référence à l’Euromaidan et prétends que «c’est l’Ukraine qui devrait restaurer le territoire du Donbass après de tels bombardements». Il conclut donc que le ministre ukrainien «ne veut juste pas que le Donbass fasse partie de l’Ukraine».
Stopfake a déjà rapporté plusieurs fois comment la guerre russo-ukrainienne s’est déclanchée, avec des combats entre le SBU (le Service de sécurité d’Ukraine) et des militaires russes à Sloviansk, en 2014. Sloviansk est devenue la première ville d’Ukraine capturée par des équipes d’infiltration russes. En ce temps-là, les soi-disant «hommes verts» (comme ils sont surnommés pour leur treillis sans insigne permettant de les identifier – ndlr.) ont saisi l’immeuble du commissariat de police local.
Depuis 2014, les organisations ukrainiennes et internationales rassemblent des preuves de la participation de troupes russes à la guerre dans le Donbass.
De nombreuses organisations ont déjà démontré la participation de la Russie dans cette guerre. Cette participation et son soutien aux séparatistes est l’une des raisons des sanctions imposées par les Etats-Unis et les pays de l’Union Européenne contre la Russie.
L’équipe bénévole d’investigation InformNapalm a publié une vaste série de preuves de l’implication russe dans ce conflit. On y trouve notamment des données sur l’identité de certains militaires et d’unités des forces armées de la Fédération de Russie dans le Donbass, une liste de 40 types d’armes et d’équipements spéciaux des forces armées de la Fédération de Russie qui ont été vus sur les lieux de combats, des données sur les distinctions remises aux criminels de guerre de la Fédération de Russie pour leur participation dans les combats en Ukraine. Une base de données listant toutes ces preuves continue d’être mise à jour.
L’enquête du journaliste Simon Ostrovskiy «Selfie Soldiers: Russia Checks in to Ukraine» pour la chaine VICE constitue une autre preuve de l’intervention militaire russe en Ukraine. Le journaliste a montré, par exemple, que le militaire russe Bato Dambaev a participé aux combats à Debaltseve et l’a revendiqué sur le réseau social russe Vkontakte.
En 2019, l’équipe britannique Forensic Architecture a rassemblé et résumé les preuves de l’intervention de l’armée russe dans la bataille d’Illovaisk en août 2014, notamment la présence d’un modèle de char utilisé uniquement par les forces armées russes à cette époque.