Réalité: L’article de la Deutsche Welle analyse le droit humanitaire international pour savoir si les centrales nucléaires sont des cibles militaires légitimes. Le texte ne contient aucune allégation selon laquelle l’armée ukrainienne bombarde la centrale nucléaire de Zaporijjia ou prévoit de mener des attaques pareilles à l’avenir.
Selon les messages du même type qui circulent en masse sur les réseaux, « Deutsche Welle (médias allemande – ndlr) estime que le bombardement par l’Ukraine de la centrale nucléaire de Zaporijjia est légal et ne viole pas les conventions de Genève ». Certains médias russes ont également déclaré que cette radio aurait justifié la « légalité » du bombardement de la centrale nucléaire de Zaporijjia par l’armée ukrainienne : « La centrale fournit de l’électricité à l’armée russe, ce qui signifie qu’elle devrait devenir l’objet d’attaques ».
Il s’agit de l’article de « Deutsche Welle « Ukraine: Les attaques contre les centrales nucléaires sont-elles légales en vertu du droit international ?” (Ukraine: Are attacks on nuclear plants legal under international law?) écrit par Christoph Hasselbach.
Après avoir lu l’article analytique de Hasselbach, il est clair que les propagandistes ont considérablement déformé les conclusions de l’auteur en lui attribuant l’affirmation catégorique selon laquelle la centrale nucléaire serait une cible légitime et elle serait donc bombardée par l’armée ukrainienne.
En réalité, Christoph Hasselbach n’a pas tiré de telles conclusions: le texte ne contient aucune allégation sur le bombardement de la centrale nucléaire de Zaporijjia par l’armée ukrainienne, ni l’évaluation des actions de l’Ukraine. L’auteur analyse le droit humanitaire international pour savoir si les centrales nucléaires sont des cibles militaires légitimes en général.
L’auteur de l’article attire l’attention sur le fait que l’Ukraine et la Fédération de Russie sont signataires de la Convention de Genève de 1949 et de ses protocoles additionnels ultérieurs, qui réglementent la conduite des conflits armés et visent à en limiter les conséquences. Ce sont ces documents internationaux qui élucident la question des cibles légitimes lors d’un conflit militaire.
Bien que le droit international humanitaire stipule que les centrales nucléaires « ne peuvent pas être l’objet d’attaques, même s’il s’agit d’installations militaires, si cette attaque risque d’entraîner la libération de forces dangereuses et de lourdes pertes ultérieures parmi la population civile », il existe un nombre d’exceptions. En particulier, l’article note que tout en garantissant le principe de la sécurité de la population civile, il existe la possibilité d’une attaque légale contre une installation nucléaire. C’est ce qu’indique le Protocole additionnel: « Les installations et ouvrages contenant des forces dangereuses, à savoir : les barrages, les digues et les centrales nucléaires, ne doivent pas faire l’objet d’attaques, même dans les cas où ces installations sont militaires, si une telle attaque est susceptible d’entraîner la libération de forces dangereuses et, et, par conséquent, de lourdes pertes civiles. Autrement dit, si le principe de la sécurité de la population civile est préservé, l’accès aux centrales nucléaires est légal.
Cependant, l’auteur attire l’attention sur une autre norme « controversée » qui permet d’attaquer une centrale nucléaire « si elle fournit de l’électricité en appui régulier, significatif et direct à des opérations militaires et si une telle attaque est le seul moyen possible de mettre fin à cet appui ». Christoph Hasselbach note que cette norme est une question d’interprétation, car il est de toute façon difficile de prouver si le principe de proportionnalité a été pleinement respecté et si une attaque était la « seule façon possible de mettre fin » au soutien des opérations militaires. Mais même si les circonstances justifient une attaque contre une centrale nucléaire, la partie belligérante devrait faire tout son possible pour protéger les civils contre les radiations, par exemple, les évacuer avant de lancer une attaque contre l’installation.
L’article mentionne également plusieurs aspects qui sont très pertinents pour la situation de la centrale nucléaire de Zaporijjia. Premièrement, les parties du conflit doivent chercher à éviter le déploiement de toute installation militaire à proximité des centrales nucléaires. Christoph Hasselbach mentionne que l’Ukraine a accusé à plusieurs reprises la Russie de stationner ses militaires sur le territoire de la centrale de Zaporijjia et d’utiliser cette centrale comme bouclier. La présence d’équipements militaires russes à la centrale nucléaire de Zaporijjia est également confirmée par les observateurs de l’AIEA qui ont réussi à visiter le site début septembre, comme StopFake l’a déjà écrit dans l’article « Manipulation: les experts de la mission de l’AIEA ont « vu » l’absence d’équipements militaires russes à la centrale nucléaire de Zaporijjia« .
Le deuxième aspect est que, selon le Protocole additionnel, « les installations érigées dans le seul but de défendre les structures protégées contre les attaques ne doivent pas devenir l’objet d’une attaque. L’auteur de la publication suggère que « la Russie fera sans doute passer ses forces militaires (déployées sur le territoire de la centrale nucléaire de Zaporijjia – ndlr) pour des forces défensives ».
Ainsi, l’auteur conclut qu’il est impossible d’exclure complètement une attaque militaire contre une installation nucléaire, même si les circonstances dans lesquelles elle est autorisée sont très étroitement définies. Néanmoins, comme mentionné ci-dessus, l’article ne prétend pas que l’armée ukrainienne bombarde la centrale nucléaire de Zaporijjia, ou qu’elle prévoit de mener de telles attaques à l’avenir. StopFake a déjà pris des propagandistes en flagrant délit de désinformation, comme nous l’avons écrit dans « Fake: L’Ukraine »tire » sur la centrale nucléaire de Zaporijjia » et « Fake: Les forces armées ukrainiennes ont interrompu la dernière ligne de transport d’électricité de la centrale nucléaire de Zaporijjia « .