Les propagandistes russes continuent leurs tentatives de convaincre tout le monde que l’Occident a accepté l’annexion de la Crimée, et est prêt à négocier avec le Kremlin. Chaque occasion possible est utilisée comme un prétexte pour «confirmer» cette idée. Par exemple, les visites de politiciens marginaux pro-russes sont régulièrement présentés comme des délégations européennes.
La semaine dernière, la propagande russe a rapporté que l’ancien secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a suggéré que l’Occident pourrait accepter l’annexion de la péninsule.
Le 31 mars 2017, l’agence de presse russe RIA Novosti a rapporté que «Rasmussen n’a pas exclu le fait que la péninsule ne fera plus partie de l’Ukraine» et qu’«il y a une probabilité que la Crimée soit reconnue comme «formation libre».
Prétendument, cette idée aurait été rendue public pendant la conférence «Les sanctions des États-Unis contre la Russie: Évaluation de leurs impacts et des dépenses» («U.S. Sanctions on Russia: Evaluating Impacts and Costs»). Mais, c’est plutôt le contraire qui s’est passé. Rasmussen a appelé les leaders du monde occidental à rester ferme et à ne pas accepter l’annexion de la Crimée à aucune condition. Les propagandistes russes ont tiré ses mots hors de leur contexte et ont donc changé leurs sens.
En réalité, l’homme politique a répondu à la question posée, sous forme d’une plaisanterie, par un auditeur : «Vaudrait-il mieux échanger la Crimée contre la région de Kaliningrad? »
Rasmussen a répondu exactement ceci : « Je pense qu’au sujet de la Crimée, nous devons suivre la même logique que celle qui a été adoptée vis-à-vis des états baltes. Nous n’avons jamais reconnu la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie comme faisant parti de l’URSS. Et un jour, les circonstances ont été réunies pour que les pays en question retrouvent leur indépendance. Et, nous avons tout de suite reconnu leur liberté et leur souveraineté . Je n’exclus pas la possibilité qu’un jour, on verra la Crimée aussi être libre et indépendante, faisant partie de l’Ukraine ou pas, je ne sais pas. Je n’exclus pas qu’une telle situation puisse avoir lieu. Mais en aucun, aucun cas on ne doit reconnaître l’annexion illégale de la Crimée. »
On voit bien que Monsieur Rasmussen n’a pas du tout suggéré que l’annexion puisse être acceptée. Au contraire, il a bien souligné qu’une telle démarche serait fort dangereuse, parce qu’elle encouragerait d’autres régimes autoritaires à faire de même.
Strana.ua, Komsomolskaya pravda et d’autres médias peu connus ont repris et diffusé cette nouvelle erronée.
Nous voudrions bien signaler les autres thèses du discours:
– Les sanctions contre la Russie ont été utiles et ont aidé à commencer les négociations avec Poutine.
– Les sanctions sont efficaces et ont endommagé l’économie russe au niveau d’un 1,5% du PIB (produit intérieur brut).
– Il est temps que l’Occident se mette à réfléchir sur le renforcement des sanctions et sur la livraison d’armement en l’Ukraine.