Le journal en ligne russe Lenta.ru a publié une article nommé “Atome non-pacifique”, où il critique assez agressivement les conditions de fonctionnement de certaines centrales nucléaires ukrainiennes en manipulant et déformant les faits.
Le journal prétend que “les durées d’exploitation des unités de certaines centrales ont déjà été prolongées de 10 ans, un plan qui reste très ambigu”. Mais la prolongation de la durée de l’exploitation des blocs pour les centrales nucléaires est une pratique courante qui a été appliquée également par la Russie (par exemple, en 2014 les délais pour 21 unités avaient été prolongés) ainsi que par l’Europe ou les États-Unis, où on planifie de prolonger cette durée d’exploitation jusqu’à 60 ans.
Le texte cite la société publique “Energoatom”, opérateur de toutes les centrales nucléaires actives en Ukraine, qui aurait déclaré en 2015 que les occidentaux ont affecté un crédit de 600 millions d’euros à l’Ukraine pour l’amélioration de la sécurité nucléaire, mais depuis, plusieurs eurodéputés auraient signé une lettre commune à la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) et à la Commission européenne demandant de remettre ce financement à plus tard”.
En vérité, le 28 mai 2015 “Energoatom” déclare officiellement sur son site qu’il a bien reçu la deuxième partie du crédit de 600 millions. Le contrat en question avait été signé en 2013. Il n’y avait eu aucun problème pour l’attribution du crédit ni avant ni après la lettre des eurodéputés.
Le journal prétend également que “le 17 mars, la centrale Youzhno-Ukrainska a chargé, pour la première fois, un carburant de Westinghouse (fournisseur américain). Kiev a annoncé que tout s’est passé “sans aucun problème”. Mais les trois unités de la centrale ont calé”. Cette citation est une contre-vérité incarnée. La première unité de la centrale avait déjà été désactivée pour réparation le 6 mars pour 98 jours, et la deuxième avait été désactivée seulement pour quelques heures. Elle a par ailleurs été réactivée à 23h26 du même jour.
Comme si cela ne suffisait pas, le rédacteur oublie de noter que le carburant de Westinghouse a déjà été testé en 2005, précisément sur cette centrale nucléaire.
De plus, le journal affirme que Holtec International avec qui l’Ukraine a signé un mémorandum en 2015 sur la conservation du combustible nucléaire usagé, “ne possède pas de licence pour la construction des containers nucléaires (*boite pour les déchets nucléaires*) dans certains pays, parce qu’on l’a inculpé plusieurs fois pour la fabrication de récipients défectueux pour combustibles nucléaires usagés”.
Lenta.ru fait ici référence à une déclaration de Ioulia Timochenko de 2006, quand elle a dit que “l’entreprise américaine Holtec International avait été démunie de sa licence pour construction de récipients nucléaires dans les certains pays”.
Cette information n’a pas été confirmée. Les inculpations pour la fabrication de containers défectueux n’ont pas été confirmées par le Commission de l’énergie atomique des États-Unis (U.S. Nuclear Regulatory Commission) non plus. L’entreprise travaille d’ailleurs dans plus de 70 pays, partout dans le monde.