Cette affirmation ne correspond pas à la réalité. Après l’annexion temporaire de la Crimée et le début des hostilités dans le Donbass en 2014, la cote de Vladimir Poutine auprès des Ukrainiens n’a fait que baisser et a atteint un minimum après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a une nouvelle fois diffusé une déclaration dénuée de tout fondement et étayée par aucun fait. Cette fois-ci, elle affirme que les Ukrainiens seraient secrètement attachés au président russe Vladimir Poutine et qu’ils souhaiteraient le voir comme leur chef.
« Ils [les Ukrainiens] détestent, haïssent ouvertement et sont très agressifs à l’égard de Poutine précisément parce qu’ils aimeraient l’avoir pour président. C’est ce dont ils ont besoin : un président ouvert, déterminé, bien informé, qui parle comme tout le monde, pas avec un papier qui lui a été envoyé de Washington, mais parce qu’il sait de quoi il parle », a-t-elle déclaré.
Elle a également répété le discours de désinformation selon lequel les Ukrainiens auraient systématiquement le président que « l’Occident leur impose ».
Ces déclarations ne sont qu’un ensemble de récits de propagande russe visant à montrer que les Ukrainiens ne soutiennent pas vraiment leur gouvernement, qu’ils sont solidaires des Russes et de leurs politiciens, et que l’État ukrainien lui-même est supposé être entièrement contrôlé par l’Occident.
En réalité, rien ne prouve que les Ukrainiens puissent « aimer Poutine » ou qu’ils veuillent un tel président.
Par exemple, au printemps 2023, la Fondation « Ilko Kucheriv pour les initiatives démocratiques », en collaboration avec le service sociologique du Centre Razumkov, a mené une enquête sur les « Symboles, événements et personnalités qui façonnent la mémoire nationale de la guerre avec la Russie ». Les Ukrainiens ont notamment été interrogés sur leur attitude à l’égard du dirigeant de la Fédération de Russie. Les personnes interrogées devaient répondre à la question suivante : « Êtes-vous d’accord avec l’affirmation selon laquelle Poutine est l’Hitler d’aujourd’hui? ». 82,2 % des personnes interrogées ont déclaré être tout à fait d’accord, 11,8 % ont déclaré être plutôt d’accord, et 1,4 % plutôt pas d’accord. Seuls 1,1 % des répondants sont en désaccord total avec cette affirmation.
Même avant l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, Vladimir Poutine n’était pas populaire auprès des Ukrainiens, et après l’annexion temporaire de la Crimée et le début des hostilités dans le Donbas en 2014, sa cote de popularité n’a fait que baisser. Selon une enquête réalisée en 2022 par l’institut de sondage ukrainien Ratinggroup, 98 % des Ukrainiens déclarent avoir une opinion négative de Vladimir Poutine.
Les enquêtes menées par des organisations internationales révèlent les mêmes tendances : la cote de Poutine et des dirigeants russes dans leur ensemble a considérablement baissé, tant chez les Ukrainiens que chez les citoyens d’autres pays. Par exemple, un sondage réalisé par l’institut américain Gallup dans 137 pays a montré que dans la majorité d’entre eux (81 sur 137), l’opinion ne soutient pas les dirigeants russes.
« Les démocraties occidentales à revenu élevé ont tendance à donner les taux de désapprobation les plus élevés, avec des chiffres dépassant 90 % aux États-Unis (93 %), au Canada (91 %) et dans 10 pays européens, ainsi qu’en Ukraine même avec 96 % et en Pologne, l’un des plus fidèles alliés de l’Ukraine en Europe, avec 95 % de désapprobation », selon Gallup.
Selon une autre enquête menée par l’Institut international de sociologie de Kyiv (KMIS) en mai-juin 2023, seulement 23 % des personnes interrogées en Ukraine souhaiteraient changer de président après la victoire, 69 % voudraient renouveler la Verkhovna Rada [le Parlement ukrainien – ndlr] et 47 % voudraient changer de gouvernement. L’institut a expliqué les résultats de l’enquête comme suit : « La situation actuelle n’enlève rien au désir des Ukrainiens de renouveler le gouvernement pour favoriser l’arrivée de gestionnaires plus honnêtes et plus compétents à différents niveaux. La demande de renouvellement du Parlement et du gouvernement est tangible, le Président est pour l’instant épargné. Les Ukrainiens se sont mobilisés pour repousser l’ennemi, mais cela ne signifie pas qu’il faille fermer les yeux sur les abus ou l’incompétence des politiciens ou des fonctionnaires ».
StopFake avait déjà dénoncé la manipulation selon laquelle la plupart des pays auraient « pris le parti de Poutine sur l’Ukraine ».