Par : Claire Stam | EURACTIV.com | translated by Marion Candau
Jusqu’à récemment, la liberté de la presse était considérée comme un acquis en Europe. Ce n’est plus le cas, surtout dans des pays d’Europe de l’Est où les journalistes font face à des pressions politiques accrues.
« Il y a 20 ans, si quelqu’un m’avait dit ‘nous devrions protéger la liberté de la presse en Europe’, j’aurais dit que cette personne était folle. Mais aujourd’hui, on se rend compte que la liberté de la presse est à nouveau une priorité politique, ici, en Europe. Tout à coup, on doit reconnaître que cette liberté est menacée », a déclaré le ministre-président de Rhénanie du Nord-Westphalie, Armin Laschet (CDU), le 28 mai.
L’Allemand a pris a parole lors de la plus grande conférence média internationale en Allemagne, le Global Media Forum, organisé par Deutsche Welle (DW) à Bonn, l’ancienne capitale du pays.
Cette douzième édition, dont le titre était « Transfert de pouvoirs », abordait le bouleversement de la relation entre les médias, les politiques et la société.
Message à la prochaine Commission européenne
«Nous devons faire notre autocritique », poursuit Armin Laschet. « Ce que nous attendons des autres pays (en termes de liberté de la presse) n’est plus la norme européenne. Et je pense que la prochaine Commission européenne doit rappeler clairement que l’Europe a des principes clairs et que ceux qui les violent devront faire face à des sanctions, financières si besoin. Un État membre ne peut plus recevoir des fonds de Bruxelles et en même temps museler la presse.»
Pour le directeur de DW, Peter Limbourg, les populistes menacent l’intégrité de l’Europe. «Contrôler l’accès à l’information est devenu un outils de pouvoir », assure-t-il. Dans le même temps, de nombreux responsables politiques diffusent leur propres messages en monopolisant les médias contrôlés par l’État ou en diffusant des fausses informations sur les réseaux sociaux.»
«La liberté d’expression est en déclin», s’inquiète-t-il.
L’Europe de l’Est, l’enfant à problèmes
Si la situation des journalistes n’est pas facile dans tous les pays d’Europe occidentale, elle est devenue sérieusement difficile dans certains pays d’Europe de l’Est, comme l’a montré un rapport-vidéo de DW.
La journaliste hongroise, Dora Diseri, y explique que les chaines télé hongroises sont de plus en plus fidèles au parti au pouvoir et de moins en moins critiques envers le gouvernement. Les journalistes ne sont pas autorisés à poser beaucoup de questions et à aborder les sujets controversés.
En Pologne, le journaliste Bartosz Wielinski soutient que le gouvernement a pris le contrôle des médias d’État « qui diffuse désormais de la propagande pure». « Et les médias privés se trouvent sous une pression politique et économique constante de la part du gouvernement. Nous luttons contre cela, nous devons retrouver la pleine liberté de la presse au plus vite », martèle-t-il.
Selon Beata Balogova, journaliste slovaque, les journalistes travaille « dans des circonstances d’une complexité sans précédent ». « Les politiques nous agressent verbalement et ces agressions mènent vers des attaques encore plus graves car c’est la nouvelle norme, c’est normal de s’en prendre à des journalistes.»
En février de l’année dernière, le journaliste d’investigation slovaque Jan Kuciak et sa fiancée, Martina Kusnirova, ont été assassinés, ce qui a provoqué une vague d’indignation dans le pays et en Europe et a provoqué la démission de Robert Fico. La situation de la liberté de la presse dans le pays reste toutefois menacée.
Chaque année, le prix de la liberté de la presse est attribué durant le Global Media Forum. Cette année, il a été délivré à la journaliste mexicaine, Anabel Hernandez, qui a dû fuir son pays suite à son travail sur la corruption, les couvertures et l’immunité dont jouissent de nombreux coupables au Mexique.
Par : Claire Stam | EURACTIV.com | translated by Marion Candau