Les médias russes pro-Kremlin continuent de publier de fausses informations visant à présenter l’Ukraine comme un état dirigé par des «fascistes». Le président du parlement ukrainien Andry Parouby est bien souvent la cible de leurs accusations. Ces médias affirment qu’il est «antisemite» et un «néonazi».
Ainsi, Spoutnik France, version française du site russe financé par le gouvernement, a affirmé que le président de la Rada ukrainienne a qualifié Adolf Hitler de «plus grand diplomate de l’histoire».
En juin dernier, StopFake avait déjà réfuté les allégations de la chaine russe RT France (ex-Russia Today) et Spoutnik France, à propos de la visite du président du Parlement ukrainien Andry Parubiy à Paris le 11 juin dernier. Ils affirmaient que cette visite a «indigné les députés», ce qui était faux.
Et ces nouvelles accusations ne sont pas davantage fondées. La juriste ukrainienne Halya Coynash a décrit dans un article comment la propagande russe a fabriqué un «scandale» autour de prétendus éloges d’Adolf Hitler prêtés par ces médias à Andry Parubiy.
Or la réalité est toute autre. Interrogé en direct sur la chaîne de télévision ukrainienne ICTV Andry Parouby a répondu à une question du politologue ukrainien Vladimir Fesenko sur l’adoption d’une loi sur la tenue de référendum en Ukraine. Il a répondu en faisant part de ses réserves devant ce projet (à partir de 20:43).
Il a dit précisément: «Vous avez raison de parler de la loi sur le référendum. C’est un des problèmes qu’il faut résoudre, et régler équitablement (). Mais nous avons toujours des discussions à propos de cette loi. Je suis moi-meme un grand admirateur de la démocratie directe. En fait, je m’y suis même intéressé en conduisant des recherches scientifiques sur le sujet. Et je vous dirai que la personne qui pratiquait le plus la démocratie directe était Adolf Hitler, dans les années 30. Et nous devons nous en souvenir parce que, à ce moment-là, cela s’est avéré l’un des principaux moyens de manipulation des masses ».
Ce que dit le président du Parlement ukrainien est donc l’inverse d’un éloge. Mais cela n’a pas empêché les médias russes de tirer certains mots de leur contexte pour raconter une toute autre histoire.
S’appuyant sur ces fausses-informations, un journaliste a ensuite saisi l’occasion d’interroger à Paris le porte-parole du Quai d’Orsay, vendredi 14 septembre, lors du point de presse quotidien de midi, en invitant le représentant français à se prononcer sur ces éloges supposés. Le diplomate français a sobrement indiqué que la France se positionne «contre tous ceux qui tiennent des propos favorables à Adolf Hitler», sans émettre de jugement sur Andry Parubiy. Bien lui en a pris.
Sans doute que Spoutnik espérait ainsi obtenir un jugement négatif qui lui aurait ensuite permis de rédiger une nouvel article, titré ainsi : «La France s’en prend au président du parlement ukrainien pour ses propos louant Hitler». Mais cette fois, il semble que c’est raté. La France n’a pas condamné explicitement Andry Parubiy, montrant que ses diplomates savent déjouer les pièges qui leur sont tendus…
Est-on sûr, pour autant, que Spoutnik ne va pas déformer la citation du porte-parole français, pour faire tout de même l’article souhaité? Non. En fait, on ne peut rien prédire. Et il va falloir attendre quelques jours pour savoir si Spoutnik choisit de continuer à creuser ce filon, qui semble faire parti de ses préférés. Ou bien préfère passer à une nouvelle histoire….