Réalité : Il n’y a aucune preuve de ce qui s’est passé, en dehors des déclarations du ministère russe de la Défense. Le Royaume-Uni, les États-Unis et l’OTAN avaient averti que la Russie pourrait utiliser des armes chimiques contre la population en Ukraine. Il existe des preuves de la façon dont l’armée russe a déjà utilisé des armes chimiques contre ses ennemis dans d’autres pays.
Les médias du Kremlin, ainsi que certains acteurs des réseaux sociaux, ont fait circuler une déclaration du lieutenant-général Igor Kirillov, chef des troupes de la PRCB (Protection contre les radiations, Protection Chimique et Biologique) du ministère russe de la Défense, selon laquelle une «attaque avec utilisation de substances toxiques» prétendument ukrainienne aurait été enregistrée sur les positions des troupes russes. I. Kirillov a déclaré qu’un conteneur chargé d’ampoules avait été largué d’un drone ukrainien et qu’il était prévu qu’une réaction chimique se produise lors de leur destruction.
Les propagandistes russes ajoutent également qu’il s’agit de l’œuvre des États-Unis, qui préparent des provocations en utilisant des armes de destruction massive en Ukraine afin de discréditer les troupes russes. La représentante du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, réduit tout à nouveau à la « coopération entre les États-Unis et l’Ukraine dans le domaine de la création d’armes bactériologiques » et au fait que Washington « a commencé à préparer des provocations » afin « d’interrompre l’ordre du jour » des négociations depuis que les « détails choquants » d’une telle coopération ont été révélés. Il convient de noter que la Fédération de Russie a annoncé l’utilisation possible d’armes chimiques par l’Ukraine même avant une invasion à grande échelle. En 2018, M. Zakharova avait déjà indiqué que l’Ukraine menaçait d’utiliser des armes chimiques dans le Donbass.
Ce n’est pas la première fois que la Russie tente de manière déraisonnable d’accuser l’Ukraine d’utiliser des armes chimiques pendant les hostilités. StopFake avait déjà démenti les informations selon lesquelles des véhicules aériens sans pilote des Forces armées ukrainiennes susceptibles de pulvériser des substances toxiques auraient été découverts et que les Services secrets ukrainiens (SBU) auraient miné le dépôt de chlore de Pervomaisky.
Dans le même temps, la partie russe n’apporte aucune preuve tangible, à l’exception des drones découverts plus tôt, qui sont en fait des multicoptères agricoles. Elle avance que des équipements de protection contre les armes chimiques sont acheminés en Ukraine, ce qui prouverait que les forces armées de l’Ukraine peuvent en utiliser alors que bien au contraire, ils servent à équiper les soldats ukrainiens en cas d’attaque chimique par la Fédération de Russie). Ces déclarations ne contiennent pas d’informations sur l’endroit où cela s’est passé, ne publient pas de photographies de tels drones, « ampoules », ni toutes autres preuves qui pourraient confirmer les affirmations du ministère russe de la Défense. Le pouvoir russe n’hésite pas à diffuser régulièrement des mensonges dans ses informations quotidiennes, sans même prendre la peine de les accompagner de preuves.
A l’inverse, il existe un certain nombre de preuves indiquant que c’est la Russie qui utilise des armes chimiques contre l’ennemi pendant les hostilités, bien qu’elle ait annoncé la destruction de son arsenal chimique en 2017. La Russie a hérité du plus important arsenal d’armes chimiques au monde (environ 40 000 tonnes) après l’effondrement de l’URSS, incluant le gaz moutarde, le phosgène, le lewisite et le VX. Le gaz neurotoxique Novichok a été utilisé au Royaume-Uni contre l’ancien espion Sergei Skripal et le chef de l’opposition Alexei Navalny. L’utilisation d’armes chimiques, y compris le sarin et le chlore, a été enregistrée à plusieurs reprises dans la guerre en Syrie, où la Russie soutient le régime du président Bachar al-Assad, également dans une « opération spéciale ». Et là-bas, la Russie a également activement nié l’utilisation de telles armes et mené des campagnes de désinformation (StopFake a réfuté la déclaration de Poutine selon laquelle les meurtres à Boutcha sont aussi faux que l’utilisation d’armes chimiques en Syrie). Ainsi, des armes chimiques ont été utilisées 300 fois en Syrie, selon les données publiées par l’organisation à but non lucratif « Global Public Policy Institute (GPPi)« . Des munitions au sarin auraient été utilisées lors de l’attaque d’avril 2017 contre la ville de Khan Sheikhoun, entraînant la mort de plus de 20 enfants et environ 80 adultes. 300 autres personnes ont été victimes d’empoisonnement à des degrés divers.
L’utilisation d’armes chimiques par la Russie a également été enregistrée depuis le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine. Les troupes russes ont ainsi mené une attaque chimique contre les combattants du régiment « Azov » le 11 avril, lors de l’assaut sur Marioupol. Une substance inconnue a été larguée d’un drone. Son identification est actuellement en cours. Le représentant permanent des États-Unis auprès de l’OSCE, Michael Carpenter, a déclaré que les troupes russes pourraient avoir utilisé des gaz lacrymogènes mélangés à des produits chimiques.
De plus, en mars 2022, l’Ukraine a été avertie que la Russie tentait de créer un prétexte pour l’utilisation d’armes chimiques. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, en a parlé également. Et les bénévoles de l’ONG InformNapalm ont rapporté que les Russes étaient susceptibles d’utiliser du gaz sarin dans les endroits où ils ne pouvaient pas percer les défenses.
Et cette fois, après l’accusation sans fondement portée contre des troupes ukrainiennes dans une attaque chimique, le Centre de lutte contre la désinformation du Conseil de la sécurité nationale et de la défense de l’Ukraine a averti qu’« un tel matraquage fait partie de l’opération de désinformation et de guerre psychologique de la Fédération de Russie, visant à semer la panique parmi les Ukrainiens, ainsi qu’à faire pression sur la communauté internationale pour qu’elle réduise son niveau de soutien à l’Ukraine ». Le Conseil national de sécurité et de défense avait également déjà signalé que l’Ukraine s’était préparée à l’utilisation potentielle d’armes chimiques par l’armée russe : des antidotes sont présents en quantité suffisante dans les hôpitaux et les unités militaires de l’armée ukrainienne.
De plus, du 18 au 22 avril, des militaires russes se sont intéressés de près aux équipements de réfrigération spécialisés et aux générateurs d’azote de l’usine de transformation de viande de Melitopol, selon la Direction principale du renseignement du Ministère ukrainien de la Défense.
« Il y a une forte probabilité pour que les forces russes d’occupation préparent ainsi l’infrastructure nécessaire pour le stockage temporaire de munitions et de porteurs d’armes chimiques (sous forme de bombes aériennes, d’artillerie et de roquettes) en vue d’une utilisation ultérieure », a déclaré la même source.